Roumanie – 2025 – Baromètre VIPE – Vulnérabilité aux Ingérences en Période Électorale

Le Club Influence de l’AEGE publie son premier rapport du baromètre VIPE, un outil d’analyse inédit visant à évaluer les vulnérabilités d’un pays aux ingérences étrangères par une approche systémique de sa situation politique, institutionnelle, sociétale, sociale, énergétique économique et institutionnelle. La Roumanie y atteint un score de 65% en avril 2025, témoignant d’une vulnérabilité élevée.

Ce baromètre a été pensé comme un instrument d’évaluation synthétique, permettant de poser un diagnostic global, visuel et accessible de la sensibilité d’un État aux actions d’ingérences et d’influences étrangères. Construit comme un méta-indicateur, sa mesure est réalisée dans la période précédant les élections législatives, du chef de l’État ou de gouvernement. En ce qui concerne la Roumanie, la mesure a été réalisée au mois d’avril 2025, avant les élections de mai 2025.

L’objectif du baromètre n’est pas de proposer une photographie exhaustive ou figée d’une réalité observée, mais bien de dresser un panorama des fragilités d’un État, potentiellement exploitables par des puissances étrangères, et de ses ressources internes pour y faire face. Le baromètre ne détermine donc pas si des actions d’ingérence sont ou seront effectivement mises en place, que ce soit au moment des élections ou plus tard. Ce premier volet est consacré à la Roumanie sur le point de clôturer une séquence électorale dense. En effet, alors que le deuxième tour des élections locales approche, les enjeux en matière d’influence étrangère sont plus que jamais d’actualité. L’indice de vulnérabilité aux actions d’ingérence étrangères de la Roumanie est élevé, avec un score global de 65% en avril 2025.

Les vulnérabilités du pays naissent principalement de problèmes systémiques, dont certains sont hérités de la période communiste. C’est le cas de l’influence démesurée de certains groupes de personnes, comme ceux issus des services de renseignement roumains (SRI). Ces problèmes sont renforcés par l’importante centralisation du pouvoir autour de Bucarest et par l’importance de la corruption dans le pays, des facteurs offrant une fenêtre d’opportunité aux  agents étrangers désireux d’exercer une influence institutionnelle directe sur la Roumanie.

La Roumanie cumule les vulnérabilités dues aux inégalités économiques et territoriales, à la frustration politique populaire et surtout à la polarisation de la société, des médias, des sphères politique et économique. Les médias, qui témoignent d’une certaine pluralité, sont aussi particulièrement perméables. Des éléments de résilience ont été mis en place, comme l’a démontré  l’annulation du précédent scrutin, mais la force institutionnelle pour résister aux ingérences est insuffisante pour se prémunir de telles attaques en amont. Des opportunités sont en effet exploitées par les puissances étrangères. Les ingérences russes ont à ce titre été particulièrement évoquées durant le dernier scrutin, mais la Roumanie est en réalité à la croisée d’influences issues de nombreuses puissances majeures.