Suspension des sanctions américaines contre la Syrie : la réaffirmation d’une stratégie d’influence trumpienne au Moyen-Orient

Actuellement en déplacement au Moyen-Orient dans le cadre du premier voyage international de son mandat, Donald Trump a annoncé lever les sanctions imposées à l’encontre de la Syrie.

Assommée de sanctions suite aux répressions ordonnées en 2011 par Bachar el-Assad à l’encontre des opposants au régime, la Syrie, déchue de son dirigeant depuis le 8 décembre 2024, demeure enlisée dans la misère due aux quatorze années d’une guerre civile ardente. L’arrivée au pouvoir d’Ahmed el-Charaa, sous la bannière du groupe Hayat Tahrir al-Cham (HTC), a suscité les espoirs de la population syrienne mais également de la communauté internationale aspirant à voir le régime s’émanciper de la torpeur imposée par les années de règne de la famille el-Assad.

Parmi les premiers, les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite ainsi que la Jordanie ont entrepris le rétablissement des relations diplomatiques avec le régime syrien. Cette normalisation était notamment motivée par des considérations sécuritaires comme la lutte contre le trafic de drogues ainsi que la gestion des flux de réfugiés dans la région. L’Union européenne a également suivi ce mouvement de conciliation en révoquant les sanctions imposées à Damas de façon graduelle. 

Le 13 mai 2025, en déplacement au Moyen-Orient, le président américain a lui aussi annoncé la suspension des sanctions qui grèvent l’État syrien. L’objectif affiché par Washington tient au fait de « donner [à la Syrie] une chance de grandeur ». L’amende honorable offerte à Damas semble toutefois davantage s’inscrire dans la stratégie dessinée par Donald Trump dans le cadre de sa politique au Moyen-Orient. D’une part, l’abrogation des sanctions et la rencontre avec le nouveau dirigeant syrien le lendemain, en compagnie du président turc Recep Tayyip Erdogan ainsi que du prince héritier saoudien Mohammed Ben Salman, intervient malgré les réticences émises par Israël, allié important des États-Unis. D’autre part, le geste du président américain s’inscrit dans le cadre d’un voyage promouvant ses alliances au cœur d’une région en proie à l’influence grandissante de la Russie et de l’Iran.

Quelles qu’en soient les motivations, l’annonce bénéficie au gouvernement d’Ahmed el-Charaa. Outre les gains financiers que Damas pourra tirer de la disparition de ces sanctions, les rencontres récentes des dirigeants américain et français permettent au dirigeant syrien d’affirmer son autorité et de légitimer son pouvoir sur la scène internationale, laissant ainsi la place à une possible évolution des alliances et jeux de pouvoir dans la région.

Sarah Goyette

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