Alors que les enjeux écologiques et climatiques justifiaient cette mesure européenne d’interdire la vente de véhicules thermiques neuf d’ici 2035 dans toute l’union européenne, la commission s’apprête à proposer officiellement de lever cette interdiction. Indépendamment du bien-fondé ou non de cette décision, le constat d’un manque de vision est dramatique dans l’Union.
Le règlement européen 2023/851 prévoyait une possibilité de réexaminer cette mesure en 2026. Et depuis 2023, l’équilibre politique a changé. Le parlement européen n’est plus si divisé et le parti écologiste a perdu des voix, n’étant plus l’arbitre qu’il a pu être dans la précédente mandature. La situation économique aussi a évolué : l’Allemagne subit de pleins fouets des difficultés et des revers, et l’industrie automobile, symbolique et très structurante outre-Rhin, en est en première ligne.
Cette décision de 2023 avait déjà été dénoncée par les industriels, accusant déjà des années de retards sur cette technologie par rapport aux concurrents américains et surtout chinois. Mais depuis, d’autres risques ont été mis en lumière : dépendance aux terres rares et risques de contrôle extraterritorial chinois dessus, dépendance technologique, inflation massive de l’achat de véhicule pour les consommateurs, etc.
Pour autant, depuis la décision d’interdiction, des décisions ont été prises pour s’adapter : de lourds investissements privés comme publics (France Relance, France 2030 dans la vallée de la batterie, études d’ouvertures de mines de Lithium en France), l’instauration d’une politique publique de soutient à la demande (bonus auto). Cela a aussi eu des effets négatifs, notamment sur toute la chaine de sous-traitance dépendante aux thermiques, risquant la perte de savoir-faire qui aujourd’hui redeviennent d’actualité
Le signal envoyé par une telle hypothèse est double. D’un côté il montre que les européens sont en capacités de revenir sur une décision qui ne fait plus sens compte tenu du nouvel ordre mondial. Mais à l’inverse, elle déstabilise encore davantage la confiance et l’indispensable stabilité, nécessaire à l’industrie pour qu’elle se développe et puisse s’épanouir. L’indécision et les revirements successifs sont terribles et empêchent les investissements de long terme dont l’Europe a tant besoin aujourd’hui.
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