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Guide de l’intelligence économique pour la recherche

Après la publication du guide de l’Intelligence Economique pour la recherche, le portail s’est penché sur l’ouvrage pour faire le résumé des grandes orientations du guide

L'objectif de celui-ci est d'aider les établissements de recherche à participer à la compétitivité nationale en rationalisant et en optimisant leurs activités (publication, production de brevets, transfert de technologie…). Il a pour but de fournir une direction commune et une stratégie afin de ne pas éparpiller la connaissance et le savoir.

Ce guide replace la recherche dans sa posture de créateur d'emplois en France ou en Europe, et à sa place d'acteur essentiel dans l'économie.
Il aborde cinq thèmes : veille stratégique, gestion du patrimoine immatériel, politique de sécurité des systèmes d'information, développement de l'interface entre la recherche publique et le monde socio-économique, politique internationale. Avant d'aborder ces cinq points, le Guide fournit les conditions fondamentales nécessaires pour une meilleure efficacité de la politique d'intelligence économique mise en place dans l'établissement ainsi qu'une liste des services pouvant l'aider dans sa démarche (CCI, AFNOR, DRRT…)

La veille stratégique consiste en la collecte, la diffusion et le partage optimal des informations au sein de l’établissement. Elle vise à fournir les informations pour l'analyse nécessaires à la gouvernance d'établissement.
Il est aujourd'hui nécessaire pour l'établissement de maîtriser son environnement socio-économique.  C'est en cela que la veille est essentielle et constitue le premier point à aborder pour mettre en place une politique d'intelligence économique au sein d'un établissement de recherche. Celui-ci doit avant tout connaître ses besoins en informations, qui peuvent être de diverses natures.
L'établissement peut alors « identifier les opportunités de développements technologiques, suivre les évolutions des politiques publiques et les contextes économiques et internationaux ». Ces informations, une fois collectées, concourent ensuite à la « maîtrise de l'environnement socio-économique en vue de la conduite de la politique stratégique de l'établissement ». En effet, bien connaître son environnement, ses partenaires, les politiques d'innovation, permet de faire des choix plus efficaces et fructueux. La veille « pays » permet par exemple un meilleur pilotage de la coopération internationale.
Plusieurs types de source s'offrent alors à l'établissement : brevets, normes, manifestations scientifiques, rapports, sites internet des ONG, entreprises ou lobby, textes de lois, retour d'expérience des enseignants-chercheurs, etc.
Si chaque établissement établit son propre schéma de veille en fonction de ses besoins et objectifs définis préalablement, le guide prend soin d'en proposer un exemple. Il prend en compte les phases de pilotage, de coordination, de réalisation et de logistique. Au sein de l'établissement, il est primordial que chacun adhère et contribue à ce projet pour une efficacité renforcée.

La propriété intellectuelle est indissociable de la politique de recherche des établissements de recherche publique. Le patrimoine immatériel (savoir-faire, connaissances, résultats de recherche, brevets, bases de données, informations sur les partenariats de recherche, etc) doit être protégé. Les informations très stratégiques doivent faire l'objet de protection, juridique ou opérationnelle, visant à préserver leur intégrité, leur confidentialité et leur disponibilité. Ainsi, la gestion du patrimoine immatériel est primordiale d'autant qu'elle est susceptible de générer, par la valorisation de ce patrimoine, des emplois industriels et scientifiques.
Le Guide évoque la traçabilité des informations. En effet, celles-ci doivent être archivées, sauvegardées, classées, transférées de manière très méthodique tout en conservant leur confidentialité.
Ensuite, les informations doivent être accessibles et disponibles. L'accès aux locaux où se situent les informations stratégiques doit notamment être très réglementé et contrôlé. Les personnels doivent également être fortement sensibilisés aux règles de confidentialité. Les chercheurs doivent être conscients de l'intérêt économique que peut porter leur projet à terme et donc de la nécessité de le conserver secret jusqu'à un certain point. Le Guide de l'intelligence économique pour la recherche fournit ensuite un certain nombre de recommandations pour une bonne gestion de la propriété intellectuelle.

La politique de sécurité des systèmes d'information « participe à la fois d’une démarche de protection des données et des processus et d’une démarche d’efficacité, donc de compétitivité ». Encore une fois, ce domaine concerne tous les personnels dans leur pratiques quotidiennes.
Le Guide fournit les différents référentiels existants en charge de la SSI en parallèle de la politique des SSI pilotée par l'Etat. Mais le monde de la recherche présente des spécificités qui doivent être prises en compte. L'établissement doit intégrer des éléments de PSSI classiques et en parallèle mettre en place des outils de veille et d'investigation sur internet, contrôler et réglementer l’utilisation du cloud -computing et l’externalisation des données du chercheur ainsi que le stockage et l'accès aux données. L'établissement doit être en lien étroit avec l'ANSSI. Après avoir établi toutes les actions que l'établissement devra réaliser en terme de sécurité des données, le Guide prend également soin de rappeler quelques règles d'hygiène informatique individuelle.

« Une recherche ouverte à la société et à l'économie est le gage de la croissance et de l'emploi ». En ce sens, le développement de l'interface entre la recherche et le milieu socio-économique est essentiel.
Dans un partenariat recherche-industrie, afin que le projet soit pleinement efficace, les deux parties doivent avoir une parfaite connaissance de l'autre, de ses besoins et de ses objectifs dans le projet.
A la définition conjointe du projet s'ajoute donc une compréhension mutuelle, qui permettra d'optimiser les échanges. Les clauses de la coopération (clauses de publication, partage et exploitation des droits de propriété intellectuelle…) doivent être établies préalablement. Si le contrat est mal établi au départ, la coopération risque d'être infructueuse et les dommages importants.
Le Guide donne ensuite quelques recommandations pour tout partenariat industrie-établissement de recherche: identifier les entreprises ou pôles de compétitivité les plus à même de valoriser les projets, identifier les technologies innovantes « dormantes », développer les contrats CIFRE, privilégier une politique interdisciplinaire, etc.

La politique internationale des établissements de recherche est aujourd'hui une chose essentielle. « La recherche française se doit d'assurer sa présence, sa visibilité et la démonstration de sa qualité sur la scène internationale ». Cependant, dans le cadre des coopérations internationales, la protection du patrimoine scientifique doit faire face à un certain nombre de risques. L'établissement devra donc définir une stratégie internationale afin d'augmenter sa vigilance. Celle-ci devra entre autre définir les axes de recherche dont il est possible de parler ou non, définir les moyens de contrôle des données et publications à l'étranger ou en collaboration internationale, mettre en place l'utilisation de réseaux, notamment celui des ambassades, etc. Ce travail se fait en collaboration étroite avec le ministère de tutelle. En matière de coopération internationale aussi, chaque entité et chaque individu de l'établissement doit être sensibilisé à cette vigilance. Enfin, le guide fournit les bonnes pratiques du chercheur français à l'étranger, du stagiaire à l'enseignant-chercheur.

Raphaelle Saury