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General Electric : Trois ans après la vente d’Alstom, GE annonce plus de 1000 suppressions de postes à Belfort

Trois ans après le rachat de la branche énergie d’Alstom par General Electric, le groupe américain annonce une suppression drastique de postes dans l’usine emblématique de Belfort au profit, selon certains, de son usine de turbines à gaz aux États-Unis.

Le mardi 28 mai, la direction du site de Belfort de General Electric (GE) a annoncé la suppression de 1050 emplois dans l’usine de Belfort, spécialisée dans les turbines à gaz. Il s’agit d’un quart des effectifs du site, et plus de la moitié des salariés de l’activité de gaz. 

Une heure après l’annonce, le sujet « General Electric » s’est érigé à la première place des tendances sur Twitter en France, totalisant en quelques heures plus de 5000 tweets. De nombreux responsables politiques, dont Nicolas Dupont-Aignan, Cédric Perrin, sénateur LR de Belfort, le député Olivier Marleix (LR), ou encore le député Emmanuel Maurel, de la France Insoumise, ont réagi sur les réseaux sociaux. Rappelant la vente du fleuron industriel Alstom en 2015 à GE, ces responsables politiques ont pointé du doigt la responsabilité du gouvernement, et notamment du Président Emmanuel Macron, ministre de l’économie à l’époque de la vente, dans cette affaire. 

Des promesses non tenues 

Vécu pour certains comme une humiliation et une preuve de l’incapacité de l’Etat à soutenir ses industries stratégiques, la suppression de plus de 1000 postes à l’usine de Belfort est perçue comme la conséquence de la gestion calamiteuse du dossier Alstom par les gouvernements successifs, bénéficiant largement à l’industriel américain GE. Ce dernier avait en effet promis, dans le cadre du rachat de la branche Énergie d’Alstom, de réaliser au minimum 1000 embauches sur la période 2015-2019. Le groupe s’était également engagé à maintenir les emplois en France pendant au moins 3 ans.

Le gouvernement français avait déjà fait un trait sur le respect des engagements de GE. En juin 2018, Bruno Lemaire, ministre de l’économie, déclarait que « l’engagement pris par GE en 2015 lors du rachat des activités énergie d'Alstom […] était désormais hors d'atteinte », l’entreprise n’ayant créé que 323 emplois en avril 2018 en France.

En guise de consolation, General Electric a ainsi annoncé en février 2019 qu’il financerait un « fonds de réindustrialisation » de 50 millions d’euros pour compenser de la non-tenue de ses engagements.

Le secteur des turbines à gaz en difficulté ?

Le groupe justifie le plan social de l’usine de Belfort en raison des résultats baissiers dans le secteur des turbines à gaz. Il s’agit pourtant d’un secteur d’avenir. Énergie complémentaire des énergies renouvelables, le gaz devrait voir sa demande augmenter dans les années qui viennent. Ainsi, selon le BP Energy Outlook de 2019, le gaz devrait représenter une composante essentielle du mix énergétique à niveau mondial. GE reconnaissait d’ailleurs lui-même un doublement des capacités à l’horizon 2040.

La délocalisation du savoir-faire français

Les syndicats de l’usine de Belfort, notamment le CFE-CGC, dénoncent la délocalisation des activités du site de Belfort, produit du savoir-faire français, aux États-Unis. Ainsi, la fabrication de 3 des 7 modèles fabriqués en Franche-Comté ont été transférés au site de Greenville en Caroline du Sud entre 2016 et 2017. Plus grave encore, la fabrication de pièces stratégiques, telles que les aubes de turbines auparavant réalisées à Belfort, ont également été délocalisées aux États-Unis.

Spécialisée dans le marché des turbines à gaz de 60hz qui connaît une baisse de 50% de son activité, l’usine de Greenville perd en rentabilité. Le marché des turbines à gaz de 50hz (75% du marché mondial) dans lequel l’usine de Belfort est spécialisée, ne connaît, quant à lui, qu’une baisse de 20% de son activité. La délocalisation aux États-Unis des activités 50hz réalisées à Belfort, est donc vue comme un moyen de soutenir l’activité du site de Greenville face à une baisse du secteur des 60hz. Cette délocalisation se fait, par conséquent, au détriment d’une usine française aux performances économiques honorables comparé à l’usine de Greenville.

Préserver les effectifs

Pour les responsables politiques, la priorité est, pour l’heure, de sauver l’activité de l’usine de Belfort. Depuis quelques mois, le Gouvernement semble privilégier la piste de la diversification des activités de l’usine, bien que les perspectives demeurent floues. Une diversification dans l’aéronautique, l’hydrogène, ou le nucléaire, dans le cadre des travaux du Grand carénage, est envisagée.