Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Semi-conducteurs : Comment la filiale normande de Murata entend repousser les limites de l’infiniment petit

Ô combien stratégique, le marché des semi-conducteurs, tiraillé entre le monopole technique du néerlandais ASML et la guerre économique sino-américaine, pourrait connaître un rebond d’ampleur sur les rives de l’Orne. À l’occasion d’un investissement substantiel, l’usine normande de Murata ambitionne de devenir un nouveau champion des composants électroniques.

L’usine normande, fondée en 2009 à la suite du démantèlement de la filière semi-conducteurs de Philips, avait en 2016 intégré Murata, le géant nippon de l’électronique, pour s’imposer comme l’un des leaders mondiaux dans la miniaturisation d’équipements médicaux et en particulier de pacemakers.

Pourtant, l’ambitieux plan de développement annoncé le 8 mars 2023 par le fleuron français, anciennement IPdia, lui ouvrirait les portes d’un tout autre marché, cette fois-ci gargantuesque : celui des téléphones intelligents. Murata a en effet entériné un investissement de 60 millions d’euros pour développer en Normandie une seconde ligne de production, ce qui devrait aussi se traduire par la création d’une centaine d’emplois. Cette dernière sera dédiée à la conception de condensateurs en silicium à échelle nanométrique, c’est-à-dire dont l’épaisseur sera contenue entre 40 et 50 microns, et qui équiperont une myriade d’appareils électroniques. Cette avancée permettra aux terminaux de produire des performances à haute fréquence, résistantes à de fortes températures et générant un plus faible vieillissement. 

Reconnue d’intérêt public par l’Union européenne, l’activité normande s’inscrit dans la lignée du plan de relance « France 2030 » du Président de la République, marqué par une volonté de conquête de notre autonomie stratégique. Même si l’usine de Murata à Caen n’en est qu’à sa phase de préproduction, Samsung a d’ores et déjà manifesté son intérêt pour leurs condensateurs. En parallèle, les équipes caennaises devraient travailler avec le CEA Leti de Grenoble à l’élaboration d’une sixième génération de composants.  

L’ambition d’un acteur français, même sous égide nippone, de se saisir d’importantes parts de marchés dans un secteur en proie à la polarisation des échanges, est donc résolument encourageante. 

 

Simon Renard

 

Pour aller plus loin :