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Vente de 80 Rafales aux Emirats arabes unis, une consécration historique

Après treize années de discussions, la signature d’un contrat de 80 Rafales entre Dassault Aviation et les Emirats arabes unis pour un montant de 17 milliards d’euros fait l’effet d’un rayon de soleil à la fin d’une année 2021 difficile pour l’industrie de défense française. Il s’agit comme le souligne Eric Trappier, président de Dassault Aviation, du contrat “le plus important jamais obtenu par l’aéronautique de combat française”.

L’arrivée d’Emmanuel Macron à Dubaï ce vendredi 3 décembre, à l’aune d’une tournée aux Émirats arabes unis, au Qatar et en Arabie Saoudite, avait laissé présager la signature d’un contrat négocié de longue date. En parallèle de la visite du pavillon français de l’Exposition Universelle, la présence d’Éric Trappier et de nombreux représentants de l’industrie de défense a donné le ton. La signature a été confirmée par un communiqué de presse de Dassault Aviation. Dans la matinée Emmanuel Macron s’est entretenu avec le ministre de la Défense des Émirats, le prince héritier Mohammed ben Zayed Al-Nahyane, scellant ainsi la décision de ce dernier de remplacer les 60 Mirages 2000-9, acquis en 1998, par leur successeur français, le Rafale.

Deux semaines auparavant, le 23 novembre, le président de Dassault Aviation répétait son optimisme lors d’une interview sur Europe 1, confirmant l’aboutissement de négociations débutée en 2007, sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy. Des discussions qui ont bien failli ne jamais trouver d’issue favorable pour le constructeur français face aux réticences d’Abou Dhabi. En dépit de la visite du président français en 2009 à Abou Dhabi pour l’inauguration de la première base militaire française interarmes à l’étranger, le gouvernement émirati avait jugé l’offre de Dassault peu compétitive en novembre 2011, laissant l’avenir à l’export du Rafale en suspens jusqu’à la reprise des négociations en 2013. 

Le temps nécessaire à cet accord témoigne des difficultés considérables rencontrées par l’appareil français pour trouver son  marché. En dépit de ses performances, il n’a pour l’heure convaincu que six pays, pour un total de 242 appareils commandés. De plus, quinze ans séparent la mise en service de l’appareil et la première commande passée par l’Egypte en 2015. L’offensive informationnelle contre le contrat passé avec l’Inde en 2016 illustre les tentatives d’empêcher la vente du Rafale et plus généralement de contraindre les industriels français de la défense à revoir leurs ambitions. 

Le Rafale est-il enfin devenu pour de bon le champion de l’industrie de défense française ? Les Émirats arabes unis, qui célèbrent leurs 50 ans d’indépendance cette année, permettent à l’appareil français de prendre une nouvelle dimension sur le marché et renforcent la crédibilité du constructeur Dassault, fortement ébranlée par le choix de nombreux pays européens de s’équiper d'appareils américains, notamment la Suisse, l’Italie et le Danemark pour un total de 440 appareils en 2017. Une “concurrence” américaine qui nous a également coûté le “contrat du siècle” entre l’Australie et Naval Group en septembre 2021, victime lui aussi d’une guerre d’influence exercée au détriment des intérêts français. Alors que la ministre des Armées, Florence Parly, salue un accord qui “cimente un partenariat stratégique plus solide que jamais”, il convient de s’interroger sur la force de ce dernier. Un an plus tôt, le gouvernement émirati avait jeté son dévolu sur 50 chasseurs F-35 de Lockheed Martin, démontrant un pragmatisme à toute épreuve. La vigilance est de mise pour les industriels français auxquels l’année 2021 a démontré une fois de plus que les règles du jeu sont exclusivement le fait des vainqueurs. 

Antoine Cornu
 

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