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Quelles perspectives de marché pour les déchets spatiaux ?

Il y a à ce jour une quantité de déchets dans l’espace qu’il est quasiment impossible de mesurer. La NASA estimait à 22 000 le nombre de déchets de taille moyenne ou grosse (supérieure à 10 cm), tandis qu’il existerait des millions de débris trop petits pour être enregistrés. Ceux-ci sont issus des différents programmes spatiaux de nombreux pays, qui lancent des missions sans récupérer les engins une fois celles-ci terminées.

Il faut aussi constater que de plus en plus de pays dans le monde participent à l’envoi de fusées et de satellites dans l’espace. On peut citer le cas récent de la Corée du Nord ou encore du Nigéria qui a lancé en 2011 deux satellites depuis une base russe.

Les problèmes posés par ces déchets sont de deux types : l’un matériel, l’autre sécuritaire. En effet, comme nous le disions au paragraphe précédent, ces petits débris viennent percuter les satellites à des vitesses suffisantes pour percer leurs parois et détériorer leurs instruments. Il en est de même pour la combinaison des spationautes.


On a vu ces dernières années le nombre de débris augmenter de façon brutale. Ceci s’explique premièrement par le fait que le nombre de satellites augmente jour après jour, que ceux-ci ne sont pas éternels et que rien n’a pour l’instant été fait pour récupérer un satellite en fin de vie.

Autre raison, ce que l’on appellera le syndrome de Kessler, qui stipule qu’à un moment t, le volume des débris spatiaux en orbite basse atteindrait un seuil au-delà duquel la probabilité d’impact entre objets en orbite et débris serait telle que le nombre de débris et la probabilité des impacts augmenteraient de façon exponentielle. Pour simplifier, il se produit des collisions entre débris qui sont à l’origines de la création de nouveaux débris, provoquant une réaction en chaîne qui va multiplier les chances de nouvelles collisions.

La NASA a déclaré que le nombre de débris spatiaux a atteint ce point critique dans la deuxième moitié de l’année 2011. Bien qu’au courant de ces problèmes, certains pays n’aident pas à réduire le nombre de ces déchets. Nous citerons le cas de la Chine qui, au cours de l’année 2007, a fait exploser un satellite et a donc créé des milliers de morceaux en testant des missiles antisatellites.

Il n’existe à l’heure actuelle pas de véritable définition internationale du terme de « débris spatial », ceux-ci ne faisant pas partie des préoccupations lorsque le traité international de l’espace des Nations Unies fut ratifié en 1967. Il est toutefois couramment admis que ce terme regroupe les satellites arrivés en fin de vie, les objets libérés dans l’espace au cours de missions, les fragments résultant de collisions, explosions ou détériorations de satellites actifs.

Cependant, toujours en accord avec ces lois internationales, il est interdit à un pays de recueillir dans l’espace des objets appartenant à d’autres pays, la technologie de certains satellites restant sensible. Cet héritage de la Guerre Froide laisse présager des difficultés pour nettoyer l’espace dans un premier temps, mais laisse présager aussi des négociations internationales pour régler les problèmes économiques, technologiques, politiques et légaux.



Actuellement, l’Union Européenne a proposé un code de conduite relatif aux activités spatiales, qui aurait pour principale vocation de prévenir les dégâts occasionnés aux satellites en orbite, qu’ils soient le fait d’accidents ou d’actes intentionnels et qui créent des débris de longue durée. Cette proposition est soutenue par de nombreux pays qui comptent sur leurs infrastructures basées dans l’espace pour assurer leur sécurité et leur prospérité. De nombreux secteurs sont au cœur de ces dispositifs, comme la navigation aéronautique et maritime, les communications ou encore le commerce électronique.

L’Australie est notamment au centre de ces préoccupations du fait de l’utilisation du Pacifique comme poubelle de l’espace. De nombreux satellites finissent leur vie au fond des eaux bleues de l’océan mais parfois sur les terres rouges du continent australien. C’est cela qui pousse ce pays ainsi que les pays de la zone Pacifique à se réunir et soutenir une législation internationale pour que leur sécurité soit garantie.

Afin de limiter la prolifération de ces débris spatiaux et les risques d’accident avec des satellites, d’autres idées et solutions que l’abandon ont été proposées. On peut citer notamment le satellite désorbiteur développé actuellement par l’EPFL, qui viendra accrocher un satellite puis qui se dirigera avec lui vers l’atmosphère terrestre pour se désintégrer par la suite.

Il serait également possible d’envisager d’équiper les satellites d’un bouclier, qui rajouterait cependant une contrainte supplémentaire au lancement du fait d’une augmentation du poids. Autre et dernière solution parmi de nombreuses :  le CubeSail développé par Astrium et l’Université du Surrey qui est ce que l’on pourrait appeler un parachute solaire intégré aux satellites et qui entraînerait ceux-ci vers les couches de l’atmosphère du fait de la pression exercée par les photons.

La prise en compte de cette problématique et sa résolution deviennent  un marché d’avenir pour la plupart des sociétés spatiales de ce monde : il y a beaucoup à faire pour nettoyer les couches spatiales proches de la Terre, et c’est un marché qui devient de plus en plus incontournable pour protéger les activités terrestres primordiales nécessitant des satellites.

Simon Bourdet