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Quel bilan pour le Comité pour les Métaux Stratégiques ?

Consciente des enjeux liés aux approvisionnement en matières premières critiques, la France s’est dotée en 2011 d’un Comité pour les Métaux Stratégiques. Après trois ans d’existence, il est temps de dresser un premier bilan de son action.

Sa création

Le Comité pour les Métaux Stratégiques (COMES) est créé par décret le 26 Janvier 2011. Il a pour mission d’assister le Ministre de l’Industrie dans la création d’une véritable politique de gestions des ressources stratégiques et d’aider à l’établissement d’un plan de sécurisation des approvisionnements.

La création du COMES fait suite à l’établissement d’un constat simple :

  • La France est très largement exposée du fait d’une dépendance élevée aux matières premières et particulièrement aux métaux dits « stratégiques » ;
  • Il s’agit de métaux pas ou peu substituables ;
  • Leurs réserves sont très concentrées (exploitation par peu d’entreprises ou de pays producteurs) ;
  • La pression sur ces métaux augmente car ces métaux sont utilisés dans des industries de pointe, considérées comme stratégiques ;
  • La demande des Pays Emergents augmente ;
  • Le taux de présence de ces métaux dans les produits finis est en constante augmentation ;
  • Leur taux de recyclage est largement insuffisant.

Les acteurs du COMES

Le COMES regroupe les plus grands acteurs géologiques et industriels français autour de la problématique des matières premières.

L’acteur principal du COMES est le Bureau des Recherches Minéralogiques et Minières (BRGM). Il a été créé en 1959 pour devenir le principal service géologique français auquel plusieurs missions ont été données parmi lesquelles la recherche scientifique, le soutien aux politiques publiques ou encore la sécurité minière.

D’autres acteurs participent également au COMES comme la Direction Générale de la Compétitivité des Industries et des Services (DGCIS), le GIFAS, syndicat d’acteurs du secteur aéronautique, et l’IFREMER, responsable de l’exploitation des fonds marins.

On note également la présence de grands acteurs industriels et miniers comme Eramet, Renault, Areva, Rhodia, Solvay, tous directement ou indirectement concernés par les enjeux liés aux métaux stratégiques.

Les champs d’action

Le COMES comporte quatre champs de travail bien distincts. Ils représentent les quatre axes de l’action française en ce qui concerne les matières premières.

  • « l’identification et l’évaluation des besoins de l’industrie française » : en amont de toute tentative d’établir une politique ou une stratégie concernant les matières premières, il est absolument primordial de comprendre où se situent les enjeux et quels seront les besoins à venir pour l’industrie française ;
  • « les ressources disponibles » : la disponibilité des ressources conditionne toute action stratégique puisqu’il faut pouvoir évaluer les ressources disponibles, leur volume et bien entendu leur risque associé (concentration des ressources sur un territoire, stabilité politique des pays producteurs). Ceci est possible grâce notamment au travail du BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières) ;
  • « le développement des économies de matières premières et la problématique du recyclage » :   la problématique des économies de matières premières et du recyclage de ces dernières est une conséquence directe de la volatilité des marchés ;
  • « les relations internationales liées aux ressources minérales » : les relations internationales restent un facteur majeur du marché des matières premières qui n’est pas seulement régulé par le simple jeu économique. La sécurisation des approvisionnements de la France passe donc par des relations diplomatiques et économiques saines avec nos partenaires commerciaux.

Après près de 3 ans d’existence, qu’en est-il du bilan du COMES ?

Même s’il peut paraître prématuré de dresser un bilan du COMES après un peu moins de trois ans d’existence, l’urgence de la situation pour l’industrie française nécessite des actions rapides. Quelles sont-elles ?

Tout d’abord, il faut savoir que le COMES a été impliqué dans nombres d’actions concernant l’ouverture de la problématique des matières premières au monde de l’entreprise. Ainsi, le COMES a participé à la création du site minéralinfo.fr qui sert de base de données sur les ressources minérales non-énergétiques. Ce site a pour mission de vulgariser la connaissance sur le sujet des matières minérales.

Autre développement intéressant, le COMES a pris part à l’établissement d’un outil de diagnostic à destination des industriels. Cet outil, disponible sur le site de la Direction Générale de la Compétitivité des Industries et des Services (DGCIS), permet de calculer un indice de sécurité des approvisionnements en fonction des ressources concernées, de leurs volumes ou encore de leur(s) provenance(s). Gratuit, l’outil d’autodiagnostic permettra à certains de réorienter leurs approvisionnements vers des voies plus sûres et à d’autres de se rendre compte de la fragilité de la position de l’industrie française (et plus généralement européenne).

De plus, lors du colloque du 16 octobre 2012, Mr Bersani, Secrétaire Général du COMES, note que les coopérations industrielles progressent et que les programmes de réduction des besoins se multiplient. Quant aux capacités d’extractions françaises, le BRGM et l’IFREMER se penchent de plus en plus sur la viabilité des gisements de nodules polymétalliques. Il existe également en parallèle des projets d’extraction de terres rares au Kazakhstan en collaboration avec le BRGM.

Si le COMES n’en est qu’à ses débuts, sa création apparait comme nécessaire et ses travaux encourageants. D’une part car elle formalise une prise de conscience primordiale : celle des enjeux inhérents aux voies d’approvisionnements des métaux stratégiques. D’autre part car le COMES a su cibler les questions urgentes et a su faire développer des actions intéressantes notamment auprès du monde de l’entreprise. Si sa collaboration avec les autres acteurs publics des questions minières comme le BRGM ou l’IFREMER restent aussi resserrées, alors, et malgré un contexte difficile, l’industrie française aura un outil performant à sa disposition.

Tristan Barbagelata