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90 jours chrono : le compte à rebours est lancé pour trouver un accord entre les États-Unis et la Chine

En marge du G20 qui se déroulait à Buenos Aires, un autre tête-à-tête important a eu lieu. Donald Trump et Xi Jinping ont dîné ensemble samedi soir, accompagnés de leurs ministres et conseillers économiques. Au menu, discussions sur la guerre commerciale qui fait rage entre les deux États, qui ont abouti à une trêve de trois mois, le temps de trouver un accord acceptable pour les deux parties.

L’escalade de cette guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine avait pris une nouvelle dimension au mois de septembre dernier lorsque plus de 6000 produits chinois, représentant une somme à l’importation de 200 milliards de dollars, ont commencé à être taxés à hauteur de 10%. La riposte chinoise avait été équivalente sur plus de 5000 produits américains (agricoles, textiles, aéronautiques…)

Cette surenchère aurait dû se poursuivre puisque Donald Trump prévoyait d’augmenter les taxes sur ces produits à 25% au 1er janvier 2019, laissant, de ce fait, du temps aux entreprises américaines de s’adapter aux changements du marché, pour trouver notamment d’autres fournisseurs.

Cependant, à l’issue de leur rencontre, les deux chefs d'État sont parvenus à une ébauche d’accord. Annulant pour commencer sa menace d’augmentation des droits de douane, le président des États-Unis a précisé que les deux pays se donnaient 90 jours pour réfléchir à des « changements structurels dans leurs relations commerciales ». Les futures discussions porteront sur des sujets sensibles entre les deux États, comme les transferts de technologies « forcés », la propriété intellectuelle et les cyber-attaques. Ce délai passé, si aucun accord n’est trouvé, alors les surtaxes douanières promises au mois de septembre seront bel et bien mises en place.

En contrepartie, Pékin s’est engagé sur certains sujets, tout en maintenant un flou nécessaire à sa marge de manœuvre. En effet,  « un très grand nombre » de produits américains agricoles, énergétiques ou industriels, devraient rapidement être achetés par la Chine pour réduire l’écart commercial existant entre les deux pays. Concrètement, en 2017, les États-Unis ont importé 505 milliards de dollars de biens chinois, pour 130 milliards de biens américains importés par la Chine.

Au-delà des achats de produits américains, Pékin a également promis de durcir la répression sur le trafic de fentanyl en provenance d’Asie, et à destination d’Amérique. Cette drogue de synthèse très puissante est responsable de plusieurs dizaines de milliers de morts, dont 28 000 aux États-Unis en 2017.

Par ailleurs, le président chinois a déclaré qu’il serait disposé à autoriser une fusion dans le domaine des semi-conducteurs, qui avait été bloquée par l’autorité de la concurrence chinoise, après que huit autres juridictions ont pourtant donné leur approbation. Il s’agit du rachat prévu par le géant Qualcomm de son concurrent néerlandais NXP, dont la dernière offre datant de février dernier s’élevait à 44 milliards de dollars. En effet, la Chine disposait d’un droit de veto dans cette affaire de rachat, qui propulserait Qualcomm parmi les trois plus importants fabricants de semi-conducteurs au monde. Il s’agit d’un sujet très sensible pour les deux États. La Chine importe pour plus de 260 milliards de dollars de semi-conducteurs chaque année (sa première importation en valeur) et reste très dépendante des entreprises américaines en la matière. Cette année, les États-Unis avaient temporairement bloqué l’exportation de puces électroniques vers la Chine, paralysant en partie des entreprises comme ZTE ou Huawei. Fin octobre, c’était au tour de l’entreprise de semi-conducteurs chinoise Fujian Jinhua Integrated Circuit d’être interdite d’exportation vers les États-Unis.

Enfin, le lundi 3 décembre, Donald Trump a déclaré dans un de ses tweets quotidien que la Chine accepterait de « réduire et supprimer » les taxes douanières sur les voitures américaines importées par les Chinois, dont le taux s’élève aujourd’hui à 40%.

De toute évidence, les sujets de tensions subsistent et ne disparaîtront pas après un simple diner entre les deux dirigeants. Malgré la précarité de cette trêve et le peu de temps donné pour trouver un accord, Donald Trump, dans son style habituel, a considéré cette « réunion incroyable et productive, ouvrant des possibilités illimitées pour la Chine et les États-Unis ». Le ministre des affaires étrangères chinois, Wang Yi, a lui préféré ne pas employer d’hyperbole, résumant la réunion à une « atmosphère amicale et sincère » et concluant sur la ligne officielle de la diplomatie chinoise, celle d’un résultat « gagnant-gagnant ».