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Les risques de collaboration scientifique entre universités australiennes et universités chinoises cartographiées par l’Australian Strategic Policy Institute

Face au pillage des données scientifiques, un groupe de réflexion stratégique australien dresse la cartographie des risques de collaboration avec les universités et instituts de recherche chinois appliqués à la défense, révélant ainsi l’ampleur des liens entre les écosystèmes d’innovation et militaires de la Chine.

Premier client à l’exportation de l’Australie, la Chine semble vouloir exploiter sa position commerciale afin d’en faire bénéficier le développement de sa recherche scientifique, faisant ainsi réagir les cercles de réflexion stratégique en Australie. A la suite d’une cyberattaque (estimée d’origine chinoise) sur les travaux de l’Australian National University à Canberra en 2018 et 2019, la University Foreign Interference Taskforce a publié des directives le 14 novembre dernier, incitant les universités à une due diligence préalable avant de signer des accords avec des institutions étrangères.

Dix jours plus tard, l’Australian Strategic Policy Institute (ASPI), spécialisée sur les enjeux de sécurité et de stratégie nationale, publiait une cartographie des risques de collaboration avec les organismes de recherche chinois, en fonction de leurs liens avec les institutions militaires nationales. Outre les armées, les principaux donneurs d’ordre sont indetifiés comme étant le Ministry of Education, le MIIT (Ministry of Industry and Information Technology), ou le SASTIND (State Administration for Science, Technology and Industry for National Defense). 

Les 160 structures sont ainsi répertoriées en fonction de leurs domaines d’activités : intelligence artificielle, armes nucléaires, technologies optiques, cyber et aérospatiales… Parmi les institutions jugées les plus risquées figure le Harbin Institute of Technology,  sous le contrôle du MIIT, qui bénéficie d’habilitations « Très secret défense », par ailleurs accusé d’espionnage économique contre Boeing et la Norvège. L’institut chinois se concentre sur 47 champs de recherche (aérospatial, informatique, cyber, électronique, télécommunications, mathématiques, mécanique, optique) et possède neuf laboratoires dédiés à la défense. A l’inverse, la Shandong University of Technology, spécialisée en ingénierie civile mécatronique, supervisée par le SASTIND et partenaire de l’Université de Limerick en Irlande, présente un risque faible mais susceptible d’augmenter dans le futur.

Devant la menace que fait peser la Chine sur son capital scientifique et informationnel, l’Australie a donc réagi par la sensibilisation de l’opinion publique nationale et internationale. Il est enfin probable que cette affaire soit suivie de près, tant par la France exposée à l’entrisme chinois sur son industrie de défense bretonne ou ses Rafales, que les Etats-Unis, qui, au même titre que l’Australie, fait partie des Five Eyes, structure dédiée à l’échange d’informations entre services de renseignements anglo-saxons.

Louis-Marie Heuzé