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L’Australie, futur vainqueur de la guerre commerciale avec la Chine ?

Au cœur d’une véritable guerre commerciale, la Chine et l’Australie ne semblent pas en mesure de desserrer leur bras de fer. Les fortes restrictions chinoises sur les produits australiens (charbon et produits agricoles en tête) ne semblent pas porter leurs fruits et Canberra apparaît pour l’instant comme le grand vainqueur du conflit commercial australo-chinois. Au point de peut-être servir d’exemple à l’Union européenne et aux États-Unis.

Dès 2018, l’Australie empêche Huawei de construire le réseau 5G du territoire australien. Depuis, les tensions se sont fortement accentuées notamment en avril dernier lorsque l’Australie, par l’intermédiaire de sa ministre des affaires étrangères, avait demandé une enquête ouverte internationale sur les origines de la pandémie du Covid-19. S’en est suivi une véritable guerre commerciale menée par Pékin avec toute une série de mesures de représailles sur certains produits australiens. Les deux principaux secteurs visés concernent les secteurs miniers et agricoles. 

À titre d’indication, les exportations australiennes d’orge en direction de la Chine représentent près de la moitié des exportations totales du pays tandis que celles concernant le charbon s’élèvent à 30% avec un gain annuel d’environ 40 milliards de dollars. De plus, l’Empire du Milieu est aussi le premier pays important de vins australiens.

Ainsi, cette dépendance commerciale australienne envers la Chine semblait positionner d’entrée Pékin en position de force dans ce bras de fer économique d’autant que les mesures protectionnistes furent radicales. Les droits de douane sur l’orge furent augmentés de 80,5% tandis que les importations de vin ont connu des surtaxes allant de 107,1% jusqu’à 212,1%. De leur côté, les bateaux transportant du charbon furent tous pratiquement interdits d’entrée dans l’ensemble des ports du pays.

Toutefois, cet embargo économique s’avère de plus en plus contre-productif. Que cela soit pour l’orge ou le charbon, l’Australie s’est rapidement adaptée et a trouvé des débouchés alternatifs notamment en Inde, au Vietnam ou en Thaïlande. Par ailleurs, en ce qui concerne le cuivre la Chine s’est privée d’un fournisseur privilégié dans une période de pénurie mondiale alors qu’au même moment elle s’est abstenue (par nécessité pour son économie) de frapper l’Australie sur le produit qu’elle importe le plus à savoir le fer. En décembre dernier, les exportations globales de l’Australie vers la Chine ont même retrouvé leur plus haut niveau depuis l’été dernier.

En ce début d’année 2021, la tendance semble être en faveur de Canberra et démontre la possibilité de pouvoir tenir tête à la puissance chinoise; comme si Pékin avait commis la même erreur que celle effectuée par les Etats-Unis à son égard en usant de politiques protectionnistes agressives inefficaces. Cela peut également servir d’exemple et entraîner un changement de paradigme à l’avenir dans les futures pratiques de guerres commerciales entre la Chine et le bloc occidental. 

 

Evan Tirologos

 

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