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Nucléaire français : des liens sans cesse plus étroits avec Moscou

En plein conflit russo-ukrainien et suite au rachat par EDF d’Arabelle, une pièce stratégique de la filière nucléaire française, l’État se dit prêt à céder 20 % du capital des turbines.

L’histoire franco-russe, débutée il y a 30 ans et concrétisée en autres par la création d’une joint-venture entre Alstom et Rosatom en 2007 pour adapter les éléments français au réacteur russe, se poursuit en 2022. Cette information est révélée par le Figaro, alors que la Russie est sous le feu de vives sanctions économiques et politiques.

Échappant pour l’heure aux sanctions économiques, le secteur nucléaire russe poursuit son bonhomme de chemin. Contrairement à la Grande-Bretagne et aux États-Unis, l’Union européenne n’a pas les secteurs russes de l’énergie dans son viseur, une situation dont la France et son activité nucléaire semblent tirer profit. 

Symbole de la reconquête industrielle française suite à la vente controversée de 2015, l’intégration du géant russe Rosatom au capital de la filiale qui supervise cette activité stratégique vient assombrir le tableau. Rosatom pourrait prendre 20 % des turbines Arabelle, laissant les 80 % restants à EDF. Cette opération intervient dans le cadre d’une collaboration franco-russe au sein de laquelle l’usine de Belfort représente 50 % du chiffre d’affaires de l’activité de GEAST (GE-Alstom, fabricant de turbines). Dans cette situation, les Français – producteurs de EPR (réacteur nucléaire à eau pressurisée) – deviendraient également fournisseurs du VVR russe (réacteur de puissance). 

Rosatom porterait ainsi une double de casquette : celle de concurrente sur la production de réacteurs nucléaires et celle de cliente pour la production de la turbine vapeur géante, l’alternateur, ainsi que l’îlot conventionnel du réacteur.

La dépendance d’Arabelle ne ferait-elle que changer de camp ?  De par cette prise de capital, les Russes sécurisent leur approvisionnement d’équipements stratégiques, incontournables pour la construction actuelle de réacteurs en Turquie, ainsi que pour la prochaine en Égypte.

Cependant, Arabelle reste bel et bien sous le pavillon de l’État français tant que celui-ci détient une golden share dans GEAST, lui conférant un droit de veto sur tous les mouvements de propriété.

 

Olivia Luce

 

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