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Accord d’exploitation pétrolière entre la Chine et l’Émirat islamique d’Afghanistan : vers un nouveau monde à deux blocs ?

En février 2020, les États-Unis de Donald Trump, bien décidé à retirer ses troupes du pays, signent un accord avec les talibans. Il entérine le retour au pouvoir d’un régime chassé en 2001. À cause des valeurs qu’il promeut, le régime taliban est rejeté par le monde occidental. Ce n’est cependant pas le cas pour certains pays comme la Chine, guidée par sa volonté de défier la domination de l’Occident.

Le 1er mai 2021 marque le début officiel du retrait des forces américaines en Afghanistan, laissant le pays aux mains libres des talibans. Le départ des États-Unis marque la fin d’une période de guerre de vingt ans mais aussi le début d’une période de libre possession du territoire par les talibans et le retrait des timides mais encourageantes avancées démocratiques et sociales durement obtenues, au grand dam des populations locales.

Le retour du régime politique des talibans implique de nouvelles relations diplomatiques et économiques. Même si pour les pays occidentaux ce régime est contraire à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme des Nations unies, et ne le reconnaissent pas en tant que tel, d’autres pays, moins attachés à ces valeurs, peuvent voir des opportunités économiques à exploiter. C’est ainsi qu'en 2021, la Chine se déclarait prête pour des relations amicales et de coopération avec le régime. 

Ce jeudi 5 janvier 2023, la Chine confirme ce positionnement vis-à-vis de l’Émirat islamique d’Afghanistan en signant, en présence de l’ambassadeur de Chine Wang Yi, un contrat d'extraction de pétrole d’une durée de 25 ans pour sa société CPEIC. Les subsides perçues grâce à cet accord offrent une bouffée d’air frais à un régime désespérément à la recherche de financement. Tendant la main à des talibans extrêmement isolés diplomatiquement, la Chine cherche de son côté à préserver sa sécurité et ses objectifs de développement économique. Outre la coopération sécuritaire et les relations diplomatiques qu’elle entretient avec ses pays voisins et limitrophes, la Chine s’inquiète également de voir les minorités séparatistes et musulmanes présentes sur son territoire se rapprocher du régime taliban. En effet, des troubles dans l’ouest du pays menaceraient fortement son projet économique des Nouvelles routes de la soie.

Si un rapprochement économique déclaré avec les talibans illustre une fois de plus la voie différente que prend la Chine face aux pays occidentaux, il en va de même pour d’autres pays tels que la Russie, dont l’ambassade est toujours présente et dont les dialogues sont engagés depuis 2018, soit avant même leur reprise du pouvoir. Avec le départ des anciens dirigeants afghans, jugés trop sous emprise américaine, la Russie voit à présent une double opportunité diplomatique et de sécurité des frontières au même titre que l’Empire du Milieu. Bien loin d’être stabilisés, les flux migratoires des Afghans vers les pays voisins est la première raison donnée par ces derniers pour justifier leur rapprochement avec les talibans, même si la montée en puissance du sentiment anti-occidental et les embargos les poussent inexorablement au dialogue.

 

Alexandra Gomez

 

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