Taïwan annonce la distribution papier de son guide national d’urgence, un signal de résilience face à Pékin

Le 18 novembre 2025, lors d’une conférence, Shen Wei-Chih, directeur du ministère national de la Défense de Taipei, a annoncé que chaque foyer de Taïwan recevra, dans les semaines à venir, la version papier du manuel d’autodéfense déjà disponible en ligne depuis septembre : « In case of Crisis : Taïwan’s National Public Safety Guide ». 

 

Alors que Taïwan est une île d’Asie de l’Est située dans l’océan Pacifique fonctionnant comme un état autonome avec son armée, ses douanes, son gouvernement et son économie propres. Depuis 1949, la République Populaire de Chine ( RPC ) de Xi Jinping, revendique l’ile comme faisant partie du territoire national. Celui-ci exerce une forte pression militaire, avec des incursions aériennes et des exercices autour de l’île. En avril 2025,l’opération « Strait Thunderbolt-2025A » visait à tester les capacités conjointes des forces chinoises. Des blocus maritimes, des frappes de précision sur les infrastructures taïwanaises à la simulation d’interception, l’expulsion ainsi que la détention de navires dans le détroit de Taïwan. De plus, 3361 violations de la zone aérienne de Taïwan ( ADIZ ) auraient eut lieu en 2024. Des campagnes de désinformation ainsi que  des pressions diplomatiques sont également menées par Pékin. Toute reconnaissance internationale de l’indépendance de Taïwan est ainsi fortement découragée, isolant le pays sur la scène diplomatique. En raison de sa position géographique, avec son détroit, et de sa production mondiale de semi-conducteurs dont TSMC est l’acteur principal ; Taïwan est un territoire convoité. La région connaît aujourd’hui de fortes tensions géopolitiques, basées sur un équilibre fragile entre dissuasion militaire, intérêts économiques et relations diplomatiques. 

Dans un contexte stratégique de résilience et afin de préparer sa population à un éventuel conflit avec la Chine, le ministère de la Défense prévoit d’imprimer près de 10 millions de copies du manuel de défense civil 2025 d’ici janvier 2026. Les versions de 2022 et 2023 étaient, contrairement à cette année, disponibles uniquement en ligne. La finalité de ce guide est de préparer la population taïwanaise à une éventuelle crise majeure face à Pékin. Le manuel présente les risques, donne des instructions pratiques, et des coordonnées d’urgence.

Le public visé est à la fois militaire. Il s’agit de préparer les soldats taïwanais à réagir face à des forces ennemies, à maîtriser des techniques défensives, de cyberdéfense et à appliquer des moyens offensifs tels que des actions de sabotage, notamment sur des câbles sous-marins. Une large partie reste consacrée aux types d’agressions militaires que Taïwan pourrait rencontrer, tel que l’infiltration de véhicules étrangers sur le territoire.

Le pays ne mise pas uniquement sur son armée, mais entend aussi donner à chacun les moyens d’agir et de se protéger en cas de crise. Ce manuel est donc également tourné vers le milieu civil. Ce dernier prépare la population taïwanaise à réagir en cas de conflit ouvert avec la Chine :

  • Composition d’un kit d’urgence
  • Lutter contre la désinformation
  • Localisation des abris antiaériens, également en cas de catastrophes naturelles
  • Listes de vérification pratiques (stock de nourriture nécessaire)
  • Reconnaître les différentes sirènes d’urgence par leur son
  • Utilisation d’une série d’applications téléphoniques utiles, notamment celles pour contacter les services de police 警政服務 ou accéder aux cartes qui indiquent les lieux sécurisés 消防防災e點通
  • Préparation psychologique dédiée aux enfants.

Grâce à ce manuel, le gouvernement taïwanais encourage sa population à faire face à un ennemi commun et à des risques imminents. Il la prépare à tenir sur la durée en cas d’invasion prolongée et à organiser sa défense, avec l’armée, pour l’avenir. Tous les ans, les taïwanais se préparent à une éventuelle agression de la part de Pékin. Poussant les autorités à mettre en place, l’exercice militaire annuel Han Kuang, qui prépare la population à des tests d’évacuations et de fausses alertes aux missiles. Le gouvernement prend toutefois un risque en inquiétant sa population et provoquer de la panique. Une tranche de la société civile alerte également l’état face au manque de moyens ou de capacités à de mettre en œuvre les gestes à suivre.

Satine Reymond RensIE

Pour aller plus loin :