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Restructuration d’Atos : le fonds américain Bain Capital écarté du plan de financement

Le conseil d’administration d’Atos s’est réuni dimanche 5 mai pour statuer sur les différentes offres des prétendants de l’entreprise française de services numériques (ESN). Parmi les quatre propositions déposées le 3 mai dernier, Bain Capital est écarté tandis que les discussions se poursuivent avec les créanciers et l’Etat pour sécuriser les actifs stratégiques du groupe.

Quatre propositions de nouvelles liquidités pour financer le plan de restructuration d’Atos

Le 3 mai, Atos a reçu quatre propositions financières d’apport de nouvelles liquidités. La première a été déposée par une alliance de porteurs d’obligations et de banques faisant partie du groupe de banques de l’ESN, la seconde par le fonds américain de private equity Bain Capital, la troisième par EP Equity Investment contrôlée par Daniel Kretinsky en partenariat avec Attestor Limited, et la dernière par Onepoint, dirigée par l’actionnaire principal d’Atos David Layani en consortium avec Butler Industries.

Le conseil d’administration a écarté le 5 mai les discussions avec Bain Capital, et a indiqué dans un communiqué de presse travailler « avec ses créanciers financiers pour sélectionner d’ici le 31 mai 2024 une solution de restructuration financière ». Les fonds d’investissements, banques et créanciers divers portant la dette de 4,8 milliards d’euros d’Atos se sont regroupés dans une alliance inédite, afin d’apporter la liquidité nécessaire au plan de restructuration proposé par Atos nécessitant 1,2 milliard d’euros. Parmi les conditions de ce refinancement, la vente à la découpe est exclue, et presque la moitié de la dette sera transformée en capital, duquel les créanciers obtiendraient une part significative. Cette dilution « impliquera probablement des changements radicaux dans la structure de capital de la Société, et une émission significative de nouveaux titres de capital qui entraînera une dilution massive des actionnaires existants d’Atos SE ».

 

L’État a rebattu les cartes en proposant de nationaliser les actifs stratégiques d’Atos

Depuis 2022, le ministère des Armées surveille de près la vente du numéro un européen du cloud, de la cybersécurité et des supercalculateurs, essentiels à la dissuasion nucléaire française. L’Etat s’est manifesté le 25 avril 2024, publiant un arrêté pour autoriser le prêt de 50 millions d’euros de l’Etat au titre du fonds de développement économique et social à la filière Bull SAS d’Atos. Bruno Le Maire a expliqué qu’il y a chez Atos « un certain nombre d’activités stratégiques pour la nation française, stratégiques pour notre souveraineté, stratégiques pour notre défense, en matière de cybersécurité, en matière de supercalculateurs, en matière de nucléaire ». Il propose ainsi de racheter certaines activités souveraines devant rester sous contrôle exclusivement français. L’acquisition devrait concerner « 100% des activités d’Advanced Computing, de Mission-Critical Systems et de Cybersecurity Products de la division BDS (Big Data & Cybersécurité) d’Atos ».

Bruno Le Maire supervise l’opération menée par l’Agence de Participations de l’Etat, appelant des entreprises françaises à ses côtés afin que « l’Etat ne soit pas seul ». Si Thalès s’est rapidement manifesté pour l’acquisition de la division spécialisée dans les communications de défense Mission Critical Systems (MCS), Chapsvision a également rejoint la course. Ce nouveau champion du traitement de données se dit intéressé par certaines activités de l’entité BDS, dont le MCS et des actifs de cybersécurité.

L’avenir semble s’éclaircir pour le groupe ayant perdu près de 96% de sa valeur boursière depuis 2022. Le ministère de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique devrait permettre de surveiller le rachat d’actifs stratégiques attrayant à la souveraineté de la France, faisant potentiellement de l’ombre à Onepoint ayant fait rentrer le fonds américain Carlyle dans son actionnariat. Une proposition plus si française…

Agathe Bodelot

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