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Vente de 42 appareils à l’Indonésie : invendable pendant 15 ans, le Rafale devient un champion de l’export

Alors que AUKUS et le fiasco de la vente de sous-marins à l’Australie ont mis en évidence l’alliance stratégique anglo-saxonne dont Paris n’est pas partie prenante, la France cherche à trouver des nouveaux clients dans la région Asie-Pacifique. En signant aujourd’hui la vente de six Rafales, première partie d’une commande plus large de 42 appareils pour un montant de 8,1 milliards d’euros, Paris et Jakarta semblent engager un nouveau partenariat stratégique.

Après la Grèce, la Croatie ou l’Inde, c’est au tour de l’Indonésie d’acheter des Rafales français. Soucieux de renouveler sa flotte vieillissante de F-16 américains et de Sukhoi russes et cherchant à diversifier ses alliances et ses fournisseurs d’armements face aux tensions américano-chinoises, c’est vers la France que le plus grand pays d’Asie du sud-est se tourne.  

Ainsi l’acquisition des Rafales par la Force Aérienne de l’Armée Nationale Indonésienne comprend une solution « clef en main », s’articulant autour d’une offre globale incluant l'entraînement des équipages, le soutien logistique pour soutenir l’activité de plusieurs bases aériennes ainsi qu’un centre d'entraînement composé de deux simulateurs.  

En plus de l’aviation, les deux pays s’engagent dans une coopération de recherche et de développement dans les sous-marins par un accord entre Naval Group et le constructeur indonésien PT Pal, qui selon le ministre de la Défense indonésien Prabowo Subianto, devrait déboucher sur l’acquisition de deux sous-marins Scorpène.  

Dans une certaine mesure, il faut remercier l’extraterritorialité américaine et son CAATSA (Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act), qui prévoit des sanctions automatiques à tout pays concluant une transaction importante avec l’armement russe, contraignant l’Indonésie à annuler un contrat signé en 2018 pour l’achat de onze Sukhoi SU-35 pour se tourner vers la France. Le pays négocie en parallèle l’achat d’une trentaine d’avions de combat américains F-15, selon les médias, et participe à un projet de recherche et développement avec la Corée du Sud pour l’avion de combat KF-21. 

Avec ce nouveau contrat, les commandes à l’export du Rafale atteignent 278 appareils depuis 2015, pulvérisant ainsi le précédent record d’exportations d’armes françaises datant de 2015 et faisant de la France le troisième exportateur d'armes au monde derrière les États-Unis et la Russie. 

Il est intéressant de comprendre que le marché des avions de combat tend à suivre un cycle récurrent. Lors de l’arrivée d’une nouvelle génération d’avions, les innovations technologiques font un magistral bond en avant. Or, il s’avère que chaque nouvelle génération amène des prix toujours plus élevés. Les pays acheteurs reportent alors leurs engouements sur la génération précédente, dont le prix est plus abordable et dont les technologies maintiennent de bonnes performances. En l'occurrence, le F-35 de Lockheed Martin se porte comme l’étendard de cette nouvelle génération et le Rafale, celui de l’ancienne. On explique ainsi le vif intérêt porté soudainement au Rafale.

 

Arnaud Sers

 

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