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Affaire Segault : Arnaud Montebourg monte au créneau et s’oppose au rachat par l’américain Flowserve

Arnaud Montebourg, le retour. Alors que le français Segault – spécialisé dans la robinetterie nucléaire – pourrait être absorbé par l’américain Flowserve, le chantre de la protection des entreprises stratégiques françaises revient sur le devant de la scène pour le racheter en s’associant à Otium Capital, le fonds du milliardaire Pierre-Édouard Stérin.

Le Portail de l’IE s’inquiétait, le mois passé, sur le sort qui s’apprêtait à être réservé à la société Segault, dans une indifférence quasi-généralisée. Coup de théâtre ces derniers jours, Arnaud Montebourg entre en scène, et propose l’inespérée solution made in France pour racheter cette entreprise produisant de la tuyauterie pour les chaufferies nucléaires. « Équipant les chaufferies nucléaires de l’ensemble des sous-marins lanceurs d’engins (SNLE) et du porte-avions Charles de Gaulle, ainsi que le parc nucléaire français, et également fournisseur, en robinetterie, de près d’un quart des centrales nucléaires en service dans le monde », écrivait le Portail de l’IE, Segault figure parmis les actifs stratégiques français. L’entreprise de la BITD fait non seulement partie de ces maillons essentiels qui assurent l’autonomie de la filière nucléaire de la France, mais aussi qui permettent d’exporter son modèle industriel à l’international.

Malgré son rachat en 2007 par le québécois Velan, la société demeure encore sous contrôle français, quand bien même les bruits courant au ministère de l’Économie prétextaient le contraire. « Toujours localisée sur le territoire national, 25 % de son capital est détenu par Frédéric Segault, l’un des descendants de ses fondateurs », expliquait déjà le Portail de l’IE. Ce sont vraisemblablement ces actions qui feraient l’objet de la tentative d’OPA.

Dans une lettre à Bruno Le Maire le 31 mars dernier, Arnaud Montebourg a demandé au gouvernement d’interdire cette opération pour protéger la souveraineté industrielle française. En effet, faisant référence au Patriot Act, il expliquait  le caractère « lourdement préjudiciable aux intérêts de notre Nation » qu'impliquerait cette vente et « l'impérieuse nécessité de protéger nos secrets de fabrication ». Le recours au décret du 14 mai 2014, dit « décret Montebourg », demeure dès lors la seule solution pour bloquer l’OPA en cours et rendre possible un rachat par un acteur français.

« Un rachat par Otium nous paraît hautement préférable pour les intérêts de la France », justifie Arnaud Montebourg dans son plaidoyer adressé au ministre et poursuit, en insistant volontairement sur l’histoire récente et douloureuse de l’industrie française, « à un coupable laisser-faire, qui a conduit de trop nombreuses fois ces 20 dernières années à laisser racheter, absorber et finalement laisser partir nos centres de décision, de production et de recherche hors du territoire. »

 

« Ce coupable laisser-faire a conduit de trop nombreuses fois ces 20 dernières années à laisser racheter, absorber et finalement laisser partir nos centres de décision, de production et de recherche hors du territoire. » Arnaud Montebourg

 

Par une alliance entre le fonds d’investissement Otium Capital, créé par le milliardaire Pierre-Édouard Stérin, et sa propre entreprise, Les Équipes du Made in France, Arnaud Montebourg s’est proposé d’acquérir Segault. Ce rachat interviendrait « en avance de phase » sur le Fonds Souverain Privé pour l’Industrie et l’Agriculture, lancé par les deux sociétés françaises et encore en cours de constitution, ayant pour objectif de « pallier le besoin de souveraineté dans ces domaines fondamentaux et stratégiques pour notre Nation ».

« Au-delà de Segault, le ministère des Armées travaillerait sur un projet de plan en vue de dissuader les entreprises françaises participant à la dissuasion nucléaire de se faire acquérir par des fonds ou des entreprises étrangères » exprimait, le 6 avril dernier, la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann dans une question au gouvernement. Alors qu’une dynamique semble s’installer parmi les fonds d’investissement pour soutenir les entreprises de la BITD, comment le gouvernement français saura-t-il répondre à ces attentes et poser les fondements d’une stratégie industrielle qui ne saurait attendre plus longtemps ?

 

Sixtine de Faletans et Luc de Petiville

 

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