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La France a-t-elle encore un avenir en Afrique ?

En l’espace de deux ans, l’armée française a été contrainte de quitter la Centrafrique et les pays de la bande sahélo-saharienne dans lesquels était ancrée l’opération Barkhane. Pourtant, en dépit du sentiment puissant de rejet que la France suscite désormais en Afrique, elle veut continuer à exister militairement sur le continent.

Relations entre autorités françaises et africaines : la fin d’un cycle

Mali, Burkina Faso et enfin Niger : entre l’été 2022 et le mois de décembre 2023, la France a été délogée des pays du Sahel au sein desquels elle était installée depuis 2014 dans le cadre de l’opération Barkhane. Déjà en fin d’année 2022, peu de temps après le départ des forces françaises du sol malien, les derniers militaires français déployés en République centrafricaine avaient décollé de l’aéroport de Bangui, poussés par les miliciens de Wagner qui s’étaient imposés dans le pays.

L’hostilité populaire contre la politique française sur le continent noir a progressivement pris racine en Afrique de l’Ouest, jusqu’à ce que l’ex-puissance coloniale soit accusée de tous les maux de la région. Pourtant, en dépit de la généralisation de ce rejet et par voie de conséquence de la perte d’influence grandissante de la France en Afrique, Paris possède encore sur place des bases qui comptent plusieurs milliers de soldats. Les autorités françaises, contraintes de s’adapter à ce qui s’apparente à une fin de cycle dans leurs relations avec les Etats africains, s’apprêteraient à réduire de manière significative les effectifs militaires de ces bases. Plus globalement, elles se retrouvent face à un défi de taille : repenser leur posture stratégique en Afrique.

Etat des lieux de la présence militaire française en Afrique

La dernière colonie française en Afrique, Djibouti, a pris son indépendance le 27 juin 1977. Depuis, la France est intervenue militairement de manière quasi continue sur le continent par des opérations de plus ou moins grande envergure, en vertu de de la protection des populations civiles ou de l’application d’accords de défense. Mais depuis la fin de l’opération Barkhane et le retrait de l’armée française du Niger à la fin de l’année 2023, quelques mois après le coup d’Etat du 26 juillet 2023 dirigé par Abdourahamane Tchiani contre le président Bazoum, il ne reste que cinq bases militaires françaises en Afrique. Désormais, 4150 soldats français sont déployés en Afrique à travers le Tchad, le Sénégal, le Gabon, la Côte d’Ivoire et Djibouti.

Un territoire d’intérêt pour la France

La réponse à la question de l’avenir de la France en Afrique, relayée par BBC Afrique, est en partie apportée par le professeur Tony Chafer de l’université de Portsmouth au Royaume-Uni : « L’Afrique reste importante pour la France et son activisme sur le continent doit être compris dans le contexte de l’importance qu’elle attache à l’Afrique en tant qu’arène privilégiée pour la projection de la puissance française à l’étranger ». Selon lui, « c’est en partie un produit de l’histoire : la centralité de l’Afrique dans l’empire colonial français, la nature de la décolonisation française en Afrique subsaharienne, qui consistait à négocier une forme de décolonisation permettant à la France de conserver son influence en Afrique occidentale et centrale – sa sphère d’influence traditionnelle (quitter pour mieux rester, comme certains l’ont dit) ». L’universitaire britannique estime en outre que « la présence militaire permanente et l’interventionnisme militaire dans cette partie de l’Afrique s’inscrivent dans un ensemble dense de liens que la France entretient avec la région depuis les indépendances politiques : nombre important de Français et de binationaux français vivant en Afrique, notamment en Afrique francophone ; densité de la présence diplomatique ; zone Franc. » 

Outre ses intérêts stratégiques et politiques, la France a des intérêts économiques à préserver sur le continent africain.  Il apparaît impératif pour elle de rester parmi les partenaires commerciaux de premier plan face à d’autres Etats ambitieux, qui viennent non seulement commercer avec l’Afrique, mais aussi y prendre ancrage dans les domaines clés des services financiers, de l’énergie, des infrastructures, des télécoms, de l’agro‐industrie et du BTP.

Le volet culturel n’est pas en reste, dans la mesure où la francophonie constitue la cheville ouvrière du soft power français en Afrique. Ainsi, « 60% des francophones résident sur le continent africain, une donnée en hausse de 15% depuis 2018 », selon des chiffres attribués au Quai d’Orsay par TRT Français. « Une progression qui s’explique par la croissance démographique de la population africaine », ajoute le média turc. Or, la francophonie revêt une importance cruciale. En matière diplomatique tout d’abord, sachant que plus les pays francophones sont nombreux, plus les alliances sont possibles, mais également un intérêt économique. « Enseigner le français sur le terrain des pays amis et le pratiquer est essentiel à la capacité d’influence de notre pays. En effet, l’espace francophone est un marché en constante augmentation avec plus de 320 millions de locuteurs aujourd’hui (3 % de la population mondiale) et 750 millions d’ici à 2050 (8 % de la population mondiale). Le français est la troisième langue la plus utilisée dans le milieu des affaires et la quatrième sur internet. »

Enfin, « dans un environnement mondial de plus en plus multipolaire et concurrentiel, la France a un intérêt géopolitique primordial à maintenir sa présence militaire dans la région. Cette présence, ainsi que les relations bilatérales étroites qu’elle entretient avec certains pays clés, sont considérées comme le moyen le plus efficace pour une puissance de taille moyenne de maintenir sa position en tant qu’acteur clé sur le continent », affirme le professeur Tony Chafer. D’après lui, « cette présence joue un rôle clé dans la justification du siège permanent de la France au Conseil de sécurité de l’ONU – la France est un acteur incontournable lorsque les questions de sécurité en Afrique occidentale et centrale sont discutées à l’ONU ou par la communauté internationale ».

Une perte d’influence progressive et continue

Depuis trois ans, la France se trouve au cœur d’un jeu de dominos qui secoue la bande sahélo-saharienne et dont elle ne parvient pas à s’extirper. Confrontée à une hostilité locale grandissante, elle s’est vue chassée de cette région qu’elle considérait autrefois comme son « pré-carré » après les putschs au Mali en 2021, au Burkina Faso en 2022 et enfin au Niger en 2023.

Il est principalement reproché à l’ancienne puissance coloniale d’avoir continuellement fait et défait les pouvoirs sur le continent africain, d’avoir gardé sous sa tutelle économique nombre de pays via le franc CFA et d’avoir été incapable d’enrayer le phénomène djihadiste malgré l’opération Barkhane, aujourd’hui amplement considérée par les opinions sahéliennes comme une ingérence néocoloniale de plus. Pourtant, c’est dans le sillage de Serval, opération unanimement saluée pour son efficacité, que Paris avait lancé Barkhane en 2014. Une force très conventionnelle, dans la continuité des déploiements auxquels la France procédait régulièrement depuis les indépendances de ses anciennes colonies. Mais la transformation d’une opération « Mali-centrée », dont l’objectif était de stopper l’avancée de groupes terroristes vers Bamako, en une opération transnationale étendue à cinq pays de la bande sahélo-saharienne, n’a pas été comprise par les populations de la région.

En fait, selon Antoine Glaser, journaliste et spécialiste de l’Afrique, il y a longtemps que la présence militaire française dans cette zone est devenue un anachronisme. « La France se croyait encore à l’époque de la guerre froide, où elle faisait le gendarme en Afrique », dit-il. « Elle n’a pas vu la mondialisation de l’Afrique arriver et elle a continué à s’y croire chez elle. » 

2011 représente, pour le fondateur de La Lettre du Continent, un tournant : « le « gendarme de l’Afrique » tenait encore le couteau par le manche avec un relais d’influence déterminant aux Nations unies : le secrétariat général adjoint aux opérations de maintien de la paix. A l’initiative de la France, présidée par Nicolas Sarkozy, deux opérations ont été menées cette année-là, tambour battant. D’abord l’intervention en Libye et la mort du colonel Kadhafi, puis l’éviction en Côte d’Ivoire du président Laurent Gbagbo de sa résidence bunker par la force française Licorne. Elles ont toutes deux laissé des traces dans les consciences politiques africaines. »

Si M. Glaser offre certaines clés de compréhension quant à la perte d’influence française en Afrique, cette dernière s’explique en réalité par de multiples facteurs, à commencer par l’affaiblissement du Conseil de sécurité des Nations unies, reflet de l’évolution de l’ordre international et du rééquilibrage des rapports de force. Si le statut de membre permanent de la France au Conseil de sécurité n’est pas remis en cause, l’importance de celui-ci s’est drastiquement réduite au fil des ans. L’organe exécutif de l’ONU semble de plus en plus éloigné des affaires internationales en raison du caractère multipolaire du monde d’aujourd’hui et de l’apparition de nombreuses puissances moyennes, qui évitent les sanctions grâce à leur poids économique. Pourtant, il arbitrait jadis la plupart des affrontements. Ainsi, la seconde guerre du Haut-Karabagh ou l’invasion de l’Ukraine par la Russie constituent des exemples récents et éloquents de conflits qui se sont produits à distance de toute résolution du Conseil de sécurité.

Premier temps : l’affaiblissement de la puissance militaire française

Mais il y a aussi et surtout l’affaiblissement de la puissance militaire française. Selon Jean-Dominique Merchet, spécialiste des questions de défense et auteur de Sommes-nous prêts pour la guerre ?, l’armée française est devenue une armée américaine « en version bonsaï », ou « échantillonnaire » : elle sait tout faire, mais en petite quantité et pas très longtemps. Que ce soit en termes de munitions, d’effectifs ou de capacités industrielles, la puissance de feu de l’Hexagone a pâti de la décroissance ininterrompue des crédits octroyés à la Défense à la suite de la dislocation de l’URSS. D’après M. Merchet, « notre modèle d’armée, aussi qualifié d’expéditionnaire – transformé au fil des ans pour mener des opérations au Proche-Orient ou en Afrique –, n’est plus capable d’endurer des guerres dites de haute intensité ou d’engagement majeur ».

De plus, l’emploi de l’outil militaire comme levier d’influence politique s’est progressivement réduit dans un monde subissant de profonds changements, où les affrontements sont désormais moins régis par les opérations militaires classiques que par les opérations d’information et d’influence. L’armée française a incontestablement joué un rôle majeur en Afrique depuis les indépendances des pays du continent, en préservant ses intérêts politiques. Les bases militaires françaises, par leur simple présence sur le sol africain, garantissaient à la France une grande influence en matière diplomatique, car elles constituaient autant de dispositifs d’appui des régimes en place ou de contre-insurrection au bénéfice de ces derniers. Toutefois, comme cela s’est vu avec les putschs récemment survenus en Afrique de l’Ouest, la présence militaire seule ne peut rien contre les offensives d’ordre informationnel et autres manœuvres non cinétiques. D’autant que les interventions militaires, fréquentes au plus fort de la Françafrique, semblent difficilement réalisables de nos jours, à plus forte raison au sein de l’ex-empire colonial, sans que ceci ne soit interprété comme constitutif d’une manipulation néocolonialiste.

Dès lors, si l’armée française, bien que supérieure numériquement et matériellement, se retient d’agir par appréhension des conséquences en termes d’image, elle perd de fait toute utilité. Voilà exactement ce qui est arrivé au Burkina Faso, au Mali puis au Niger, lorsque les soldats français ont été sommés de plier bagages. Les autorités locales ont dû faire face à des pressions venant de l’intérieur comme de l’extérieur, particulièrement des accusations de vassalisation par Paris, ce qui a rendu quasi impossible la présence militaire française au sein de leurs frontières. Cet état de fait a mis en lumière les limites de l’influence militaire dans un environnement où les aspects politique et médiatique prennent aujourd’hui souvent le dessus sur l’action armée.

Deuxième temps : un agglomérat de facteurs défavorables aux conséquences néfastes

« Malgré l’affaiblissement du rôle du Conseil de sécurité et celui de sa propre puissance militaire, il restait jusqu’il y a peu à la France son influence en Afrique pour légitimer son statut de grande puissance. Or, les récents coups d’Etat au Sahel, les tensions diplomatiques avec les pays du Maghreb et la perte de présence économique des entreprises françaises en Afrique de l’Ouest au profit de la Chine, de la Turquie et du Maroc ont considérablement amoindri le prestige français sur le continent. De plus, la montée de l’anglais au détriment du français dans la francophonie, comme en témoigne l’adhésion du Gabon au Commonwealth, souligne le déclin de l’influence culturelle française en Afrique. »

Si la réforme du ministère des affaires étrangères a sans doute précipité ce phénomène de régression, les diplomates conscients des complexités régionales ayant été substitués par d’autres acteurs de la société civile, il y a une dernière clé de compréhension qui semble tenir à la personnalité même d’Emmanuel Macron. En effet le président français, comme Nicolas Sarkozy dont le discours de Dakar en 2007 avait contribué à dégrader l’image de la France en Afrique, a fait preuve de maladresse à plusieurs reprises et vexé certains dirigeants du continent, à l’image d’une bévue restée dans les mémoires lors d’une visite à Ouagadougou en 2017 ou d’une erreur commise en 2021 à l’occasion du sommet Afrique-France de Montpellier (l’Elysée avait organisé ce sommet avec des représentants de la société civile uniquement, au détriment des chefs d’Etat africains). Thierry Vircoulon, chercheur associé à l’Institut français des relations internationales, estime que « les choix et le style présidentiels n’ont fait qu’accélérer un « mouvement de fond historique », qui voit le continent africain prendre ses distances avec la France, et l’Europe en général, au profit de nouveaux partenaires comme la Chine, la Russie ou la Turquie. »

Portant l’histoire coloniale comme un fardeau, assumant avec difficulté la période de la « Françafrique » qui a suivi les indépendances africaines, les autorités françaises semblent aujourd’hui fragilisées. Elles sont tiraillées entre la tentation de préserver une puissance passée et leurs difficultés à comprendre ces sociétés africaines en mutation, influencées par de nouvelles élites en manque de légitimité, pour qui la France représente le parfait bouc émissaire.

« La France est décriée comme prédatrice économique par toute une génération et comme porteuse de valeurs occidentales honnies par des groupes islamiques orthodoxes et radicaux. Ces derniers ne sont pas nécessairement djihadistes, mais ils rejettent le modèle politique et social en vigueur depuis les indépendances, se nourrissant des faiblesses, des faillites économiques et des compromissions des Etats dans lesquels ils évoluent ».

Quelles sont les perspectives pour la présence militaire française en Afrique ?

Des évolutions nécessaires du dispositif militaire

Le 2 février 2024, Jean-Marie Bockel a été nommé par l’Elysée « envoyé personnel » d’Emmanuel Macron pour « refonder » les relations de la France avec les pays d’Afrique où se trouvent encore des bases militaires françaises (à l’exception de Djibouti). Missionné à la suite des putschs qui ont secoué la bande sahélo-saharienne, l’ancien secrétaire d’Etat à la Coopération de Nicolas Sarkozy (2007-2008) est chargé de discuter avec les partenaires africains du format et des modalités d’action du futur dispositif militaire français sur leurs sols.

Pour sa première visite, effectuée à la fin du mois de février, M. Bockel a choisi la Côte d’Ivoire, qui compte environ 900 militaires français regroupés au sein du 43e Bataillon d’infanterie de marine. A cette occasion, il a déclaré : « On ne veut pas réduire nos efforts mais c’est une globalité : il y aura des évolutions, l’empreinte sera moindre sur certains aspects et plus forte sur d’autres ». Sans donner de détails, l’ex-ministre a confirmé une tendance à la baisse des effectifs qui semblait se profiler.

Déjà en février 2023, le président Macron avait annoncé une « diminution visible » à venir du nombre de soldats français sur le continent africain et un « nouveau modèle de partenariat » supposant une « montée en puissance » des institutions militaires africaines. « La logique, c’est que notre modèle ne doit plus être celui de bases militaires telles qu’elles existent aujourd’hui », avait affirmé le chef de l’Etat, ajoutant : « Demain notre présence s’inscrira au sein de bases, d’écoles, d’académies qui seront cogérées, fonctionnant avec des effectifs français qui demeureront mais à des niveaux moindres et avec des effectifs africains et qui pourront accueillir (…) d’autres partenaires ». Emmanuel Macron avait enfin prévenu : « La transformation débutera dans les prochains mois avec une diminution visible de nos effectifs et une montée en puissance dans ces bases de nos partenaires africains ».

Si cette « diminution visible » semble tarder au regard du nombre inchangé de militaires français stationnés à Dakar ou Libreville, elle pourrait se concrétiser à court terme. Mais davantage que les chiffres, comme le souligne Philippe Chapleau, écrivain et journaliste spécialisé dans les questions de défense, « ce sont les ambitions militaires françaises en Afrique qui mériteraient d’abord d’être précisées. S’agit-il de simplement faire des économies budgétaires en réduisant la force permanente ? Ou de poursuivre à notre rythme un retrait ordonné et ainsi d’éviter les désagréments connus au Sahel ? De bâtir un réseau de forces et de moyens prépositionnés (comme le font les Américains avec leurs CSL [Cooperative Security Locations, ndlr]) ? S’agit-il d’admettre aussi que d’autres acteurs ont acquis une place au détriment de la France et que celle-ci se replie inexorablement ? »

Bases franco-américaines ? Effacement total des Français ? Ou réelle offre d’accompagnement ?

Quoiqu’il en soit, des réflexions sont en cours pour que Paris réduise la voilure tout en conservant sa capacité d’action sur le sol africain. Dans cet ordre d’idées, le général Thierry Burkhard a évoqué à l’Assemblée nationale, le 31 janvier dernier, la possibilité de voir naître des bases franco-américaines. « En ce qui concerne la création de bases communes avec les Américains ou d’autres, mutualiser les bases est souhaitable si nous voulons réduire notre visibilité tout en conservant le minimum d’empreinte nécessaire pour maintenir ouverts nos accès », a soutenu le chef d’état-major des armées. « Notre dispositif militaire historique […] était efficace et envié », a-t-il rappelé, mais « dans le double contexte d’instabilité et d’affirmation des souverainetés, il produit, notamment dans le champ des perceptions, des effets négatifs qui finissent par peser plus lourd que les effets positifs ». Néanmoins, selon des informations de l’hebdomadaire Le Point, Français et Américains n’ont pas encore ouvert de discussion formelle à l’échelon politique.

Certains experts vont plus loin, estimant que la présence militaire française sur le continent africain est devenue totalement contre-productive. « La seule conclusion raisonnable à tirer pour la France est de fermer ses bases », tranche Michael Shurkin, directeur des programmes chez 14 North Strategies, un cabinet de conseil spécialisé dans les affaires africaines. Selon lui, au regard de la nouvelle loi de programmation militaire qui identifie les intérêts vitaux de la France en Europe et dans l’Indopacifique, un retrait des troupes françaises d’Afrique permettrait à l’Hexagone de se concentrer sur ces priorités et de préparer son armée à des conflits de haute intensité.

Un effacement intégral de la présence militaire française du sol africain apparaît toutefois peu vraisemblable. La France a besoin d’exister autrement qu’en apparaissant comme une puissance d’occupation tout en préservant une marge de manœuvre certaine, notamment celle d’entrer en premier sur un théâtre qui s’ouvrirait en Afrique. Elle doit également résister à l’opportunisme des Russes sur le continent, le Kremlin soufflant depuis plusieurs années sur les braises du sentiment anti-français par l’intermédiaire du groupe Wagner avec ses mercenaires, ses faux médias et ses influenceurs sur les réseaux. La Russie, qui base sa conquête des pays africains sur un fort rejet de l’Occident en général et de la France en particulier, est en effet un concurrent direct de la France dans sa sphère d’influence. Cependant, elle se pose uniquement en pourvoyeur de sécurité et semble n’avoir aucun autre objectif que l’exploitation des ressources. Dès lors, Paris doit-il faire le dos rond et attendre que l’effet de mode russe s’estompe ? « Sur le plan économique, la Russie n’a rien à proposer » et « même si l’attractivité de la France a un peu baissé, cela ne durera pas longtemps », estime l’analyste politique russe Konstantin Kalatchev.

L’un des axes d’effort qui pourrait permettre de stopper l’hémorragie qui frappe la France en Afrique serait de mettre en place un partenariat fondé sur la formation et l’accompagnement des soldats africains afin de renforcer les académies militaires nationales. L’idée serait ainsi de réduire l’impact symbolique de la présence française tout en mettant en place une réelle offre d’accompagnement.

Club défense de l’AEGE

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