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Manipulation informationnelle sur les terres soi-disant rares

Mardi 23 mars, la société canadienne Granada Gold Mine Inc. a annoncé la découverte de Scandium (Sc), de Rubidium (Rb) et de Césium (Cs) sur son site canadien. Ces trois éléments font résonner l’idée de la rareté dans les métaux qui fait son apparition en 2017. Or cette dernière serait en réalité une manipulation d’un lobby pétrolier étasunien ayant pour but de fragiliser la filière, afin de retarder l’apparition des voitures électriques et des énergies renouvelables.

L’annonce récente de la découverte de métaux précieux au Canada, vient relancer le débat multiscalaire sur les “Terres rares” dont l’affaire n’est pas seulement sémantique. Non les terres rares ne le sont pas, selon l’ancien trader en métaux stratégiques et professeur à l’École de Guerre Économique, Didier Julienne. Cette appellation serait le résultat d’une guerre informationnelle menée en 2016 par les lobbies du pétrole sous l'égide des frères Koch. Cherchant à décrédibiliser les énergies renouvelables, ce lobby nord-américain des industries fossiles aurait réalisé un encerclement cognitif sur la base de la rareté, d’un monopole chinois et de l’exploitation écocidaire.  

La Chine détient à 80% du monopole de l’extraction des Terres rares, mais ne contrôle qu’un tiers des ressources sur la planète, étant donné que le Vietnam, l’Australie, le Brésil, la Russie, l’Inde, le Groenland, l’Afrique du Sud, le Canada et les États-Unis en détiennent une partie du reste. La fronde médiatique autour de ces ressources, supposées être en moindre quantité, n’aura servi qu’à décrédibiliser les voitures électriques et polariser encore plus le débat sur les énergies renouvelables. En outre, la tant attendue “transition énergétique” qui pouvait dépendre de ces matières premières indispensables à la fabrication de batterie a été considérablement polluée par la fake-news de « la guerre des métaux rares ». Et pour cause, une batterie de voiture électrique ne contient aucun de ces « métaux ou terres rares ». L’enjeu économique est donc brûlant pour les entreprises pétrolières, dont la persuasion cognitive s’est jouée sur l’attendu thème écologique. Un certain aplomb, venant de la part des premières industries concernées par le rejet de carbone dans l’environnement.  

En outre, la rencontre à Anchorage en Alaska jeudi dernier entre les diplomaties chinoises et américaines, laisse entrevoir un futur revirement. En effet, l’élection de Joe Biden signe le retour des États-Unis dans l’Accord de Paris et par là même, le mirage d’un potentiel arrêt de sa logique pro-pétrole. D’ailleurs Le puissant lobby pétrolier américain, American Petroleum Institute, a annoncé hier vouloir s’accorder sur une taxe au carbone pour réduire les émissions et ralentir le changement climatique. Malgré une ouverture, l’abandon par Washington de sa doctrine des ressources naturelles semble peu crédible, alors que la Californie possède depuis 2012 sa propre mine de terres rares. À l’horizon pointe donc, une recrudescence de cette guerre informationnelle, faite de nombreuses infox anti-métaux et pro-pétrole, à rebours de la COP 26 qui se tiendra dans neuf mois.

 

Clémentine Balayer

 

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