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Le parti communiste chinois gagne son rapport de force avec la Fintech

La convocation du fondateur du groupe Alibaba, Jack Ma, par l’administration chinoise de la régulation des marchés a signé un coup d’arrêt brutal à l’entrée en bourse d’Ant Financial. Alors que le patron chinois avait tenté de faire entendre une voix dissidente, le parti communiste chinois est en train de mettre au pas ses géants du numérique.

Ant Financial est un groupe chinois créé en 2004 à partir du service Alipay, appartenant à Alibaba. Il est rapidement monté en puissance dans les années 2010, jouant un rôle essentiel dans la politique intérieure du Parti communiste. En effet, Ant Financial est au cœur du système de crédit social mis en place à partir de 2014 dans certaines zones du pays. Pourtant, le 3 novembre 2020 l’introduction en bourse la plus importante de l’Histoire a été suspendue à la surprise générale.

Les dirigeants chinois ont décidé de reprendre le contrôle sur les monopoles des BAXT (Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi). Dans le cas de la filière d’Alibaba, l’administration chinoise s’en est prise aux clauses d’exclusivité, faussant la concurrence en ligne. La plateforme Taobao d’Alibaba oblige les consommateurs à payer via Alipay (Ant Financial). Grâce à cette astuce, un acteur privé se retrouvait à pouvoir lourdement influer sur l’avenir économique du pays. Une brèche que Pékin s’est donc assuré de colmater afin d’empêcher les géants de la tech de s’affranchir des règles imposées aux banques publiques chinoises et de garder la main sur la direction de l’économie. La chute boursière récente des BATX et simultanément le renforcement des banques publiques chinoises  illustrent la volonté de contrôle du parti, afin d’être le principal acteur du développement du marché intérieur chinois.

La question des monopoles des géants de la tech n’inquiète pas qu’en Chine. Les GAFAM préoccupent autant les autorités américaines et européennes que les BATX inquiétaient l’Empire du Milieu. Depuis le début de sa présidence, Xi Jinping mène une politique de lutte contre la corruption, lui permettant de régler un certain nombre de comptes. Cette chasse au monopole s’inscrit dans la double volonté de l’empereur Xi de mettre au pas des hommes comme Jack Ma, tout en profitant d’une popularité nécessaire au bon fonctionnement du régime. Par son volontarisme, le dirigeant Xi Jinping vient de couper toutes velléités des grands groupes de la finance privée chinoise de s’émanciper du contrôle du parti.

Pour aller plus loin, consultez notre analyse sur la législation chinoise antitrust.

                                                       

                                                                                                                                                                                                            Paco Martin