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La sûreté, une nouvelle fonction stratégique au sein des entreprises. Retour sur l’intervention de Jean-Louis Fiamenghi, directeur de la sûreté chez Veolia.

Pour débuter cette année 2018, le club Sûreté de l’AEGE s’est interrogé sur le positionnement stratégique de la direction sûreté au sein des entreprises. Pour cela, le club a fait appel à M. Jean-Louis Fiamenghi, directeur de la sûreté chez Veolia.

Préfet hors cadre, ancien chef du RAID, patron du SPHP (Service de protection des hautes personnalités) et vice-président du CDSE (Club des directeurs de sécurité des entreprises), Jean-Louis Fiamenghi a ainsi animé la conférence intitulée : « La sûreté, une nouvelle fonction indispensable au cœur des entreprises ».

 

Sûreté et sécurité : quelles différences ?

Aujourd’hui, la sûreté est considérée comme un maillon incontournable de la gestion des risques et est, par conséquent, intégrée au plus haut niveau de certaines entreprises. Véritable aide à la décision, la direction sûreté favorise la mise en place d’une stratégie de pérennisation de l’organisation et garantit le capital de l’entreprise, tant sur le plan humain que matériel et immatériel, face aux menaces d’actes de malveillance.

La « sûreté » se différencie de la « sécurité » par les évènements qu’elle traite. En effet, la sécurité relève des accidents, là où la sûreté traite les actes de malveillance. Bien qu’il existe une proximité entre ces deux domaines et que certaines entreprises optent pour une direction commune, la direction sûreté est exposée à des missions et responsabilités qui diffère de la direction sécurité. Elle oriente ses actions sur la protection des biens, des personnes et du capital image de l’entreprise. Pour cela, elle doit identifier et évaluer les risques auxquels l’entreprise peut être confrontée. Elle a également pour missions de développer une « culture » de la sûreté et de sensibiliser les collaborateurs au respect des procédures mises en place dans l’organisation.

 

La direction sûreté au cœur des objectifs stratégiques du groupe Veolia

Entouré de 51 correspondants sûreté sur le territoire national et international, Jean-Louis Fiamenghi a créé, dès sa prise de poste dans le groupe Veolia, une direction sûreté. Son déploiement fut rapide, grâce à l’efficacité des mesures mises en œuvre mais aussi à l’implication du top management. En effet, étant directement rattachée à la présidence du groupe, la direction sûreté bénéfice d’un appui indéniable – et nécessaire – à son fonctionnement.

Ainsi, la direction sûreté se positionne comme une unité pleinement intégrée à l’organisation et contribuant à la réalisation des objectifs stratégiques prévus. Le directeur sûreté est alors vu comme un véritable business partner, en appui de l’activité. C’est pourquoi il est essentiel que ce département soit transverse et en interaction permanente avec les autres composantes de l’organisation (juridique, commerciale, ressources humaines, etc). En effet, il n’est pas concevable que le directeur sûreté agisse sans en informer le comité décideur, ses décisions pouvant impacter les équipes opérationnelles. Un soutien de la direction générale est alors primordial pour faire de cette nouvelle direction un élément immanquable de l’organisation.

 

La protection du patrimoine et des collaborateurs du groupe Veolia

Avec plus de 200 000 salariés présents dans 70 pays à travers le monde, Veolia opère dans de nombreux pays à risques et doit faire face à des menaces variées telles que le kidnapping, l’instabilité politique, les risques d’attentats, etc. De plus, les entreprises sont aujourd’hui soumises à une obligation de sécurité-résultat vis-à-vis de la santé et de la sécurité de leurs collaborateurs. Il est donc du ressort de l’entreprise de sécuriser les installations et les collaborateurs.

La direction sûreté du groupe Veolia a également pour mission de protéger le patrimoine informationnel du groupe. Pour cela, elle doit accompagner les collaborateurs avec des formations de sensibilisation afin qu’ils adoptent les « réflexes sûreté ». En effet, un manque de vigilance de la part d’un membre de l’organisation peut avoir d’importantes conséquences sur l’ensemble. Par exemple, la connexion à un réseau wi-fi non sécurisé peut entrainer une fuite d’informations sensibles. La direction sûreté du groupe Veolia dirige également le département cybersécurité. Elle sécurise les réseaux et les ordinateurs, et accompagne cela s’une étape de prévention avec les collaborateurs.

Enfin la direction sûreté du groupe Veolia, se charge de la gestion de crise en mettant en place l’ensemble des procédures permettant à l’organisation de faire face à l’apparition d’une crise. Comme souligné par Monsieur Jean-Louis Fiamenghi, la direction forme les collaborateurs à travailler dans l’urgence et à maîtriser leur stress. Les parties prenantes de la crise doivent ainsi être capables de communiquer malgré un contexte tendu. Pour cela, les managers doivent être capables de montrer l’exemple. Enfin, pour anticiper les situations de crise, la direction procède à une veille permanente sur des sujets très variés allant du contexte politique des pays, aux pratiques concurrentes, en passant par les mouvements activistes etc.

La direction sûreté a pour mission la coordination entre l’État et le groupe. Cette mission est copilotée directement par le Secrétariat Général de la Défense et de la Sécurité Nationale (SGDSN).

De par sa nature, la direction sûreté des entreprises mobilise d’importants budgets, cependant, elle ne permet pas de dégager des bénéfices puisqu’elle n’a pas pour fonction de créer de la valeur ajoutée. Il est particulièrement difficile d’établir le retour sur investissement engendré par les actions de la direction. Cette dernière est alors souvent « considérée comme rien d’autre qu’une ponction sur l’entreprise ».

Pourtant, comme l’a démontré M. Jean-Louis Fiamenghi, la direction sûreté possède aujourd’hui une fonction indispensable pour les entreprises. De ce fait, il est essentiel que le directeur sûreté démontre à ses interlocuteurs en interne l’importance de ses missions par le biais d’action de communication et de formation, mais aussi par la mise en place de mesures à la fois préventives et correctives. De cette façon, la direction sûreté sera en mesure de protéger ses salariés et les biens de l’entreprise.

 

 

Océane Rué et le Club Sûreté de l’AEGE (Anthony Losso et Théodore Soudat)