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L’intelligence économique, outil de reconquête de la souveraineté française ?

La signature du partenariat entre l’IHEDN et le SYNFIE a lancé la table ronde sur le thème du dernier rapport parlementaire : « l’intelligence économique, outil de reconquête de notre souveraineté économique ». L’occasion pour Alexandre Lahousse d’officialiser la nouvelle structure des services IE de la DGA, opérationnelle dès janvier 2024.

Le président du SYNFIE François Jeanne-Beylot a signé ce mercredi 13 décembre un partenariat avec l’institut des hautes études de défense nationale (IHEDN), dans l’objectif de promouvoir l’intelligence économique (IE) en France. Également directeur de la société Troover, il utilise quotidiennement l’IE comme « un outil d’aide à la décision pour rendre une entreprise plus pérenne, plus rentable et plus souveraine ».  

Nécessité d’instaurer un cercle de confiance entre l’Etat et les entreprises

Déplorant le manque de cohérence du gouvernement sur le sujet, Alain Juillet invite à « mettre en œuvre l’état d’esprit IE ». Le sénateur Lemoyne complétait le propos avec l’importance d’instaurer une structure pérenne d’IE, dont les bases du débat public sont posées grâce au rapport Lienmann-Lemoyne, qui passera devant l’Assemblée nationale au premier semestre de 2024. Reconnaître plus officiellement l’intelligence économique comme une discipline ou une filière permettrait notamment d’instaurer une continuité des projets, grâce à la création de postes de spécialité dans les grandes institutions étatiques. Le développement des formations découlerait naturellement d’une telle initiative pour pourvoir ces postes d’IE, aujourd’hui éclatés entre la veille et la stratégie dans les entreprises. Or « la veille est vue comme un flux d’informations, mais il n’y a pas de stock derrière, de gestion de connaissances » explique Jeanne-Beylot, en appuyant sur la nécessité d’instaurer une culture de l’information en France. 

Une démarche étatique d’intelligence économique permettrait ensuite de créer un cercle de confiance avec les entreprises, grâce à des canaux de communications ou des guichets d’entrées vers les services institutionnels. Le partage de l’information stratégique entre les services de renseignements, les petites ou moyennes entreprises (PME) et les fonctionnaires adéquats profiterait ainsi à l’ensemble du tissu économique français expliquait Jean-Louis Kibort, président de la commission IE du CDSE. Le maillage territorial est alors essentiel pour créer un véritable lien entre l’entreprise, les partenaires sociaux, les collectivités et l’Etat. 

DGA Impulsion : nouvelle approche offensive de la DGA en matière d’IE 

Pour protéger la résilience des 4500 entreprises de la BITD, dont environ 1000 sont jugées stratégiques, le service d’intelligence économique de la direction générale de l’armement (DGA) se réorganise sur le plan de transformation DGA Impulsion. Dirigé par Alexandre Lahousse, le service travaille sur trois piliers majeurs pour garantir que « la France disposera des capacités industrielles pour produire les équipements dont les armées auront besoin demain » : les commandes publiques du ministère des Armées, l’activité civile des entreprises de la BITD qui s’élève à 80%, ainsi que l’export. 

Ce service à part entière de sécurité économique intègre un nouveau volet offensif, grâce à une refonte sous le plan DGA Impulsion. Alexandre Lahousse sera ainsi à la tête de la plus grande structure IE de France de plus de 600 personnes. 

Alexandre Lahousse annonçait officiellement hier la refonte du service intelligence économique de la DGA sous le plan DGA Impulsion. 
De nouveaux leviers d’actions seront notamment disponibles afin d’utiliser l’outil pour la reconquête de la souveraineté française qu’est l’intelligence économique, selon les termes du rapport Lienmann-Lemoyne sur lequel portrait la conférence organisée par le Synfie hier. Serait-ce le fer de lance de la nouvelle vision stratégique pour la DGA, menée par le nouveau délégué général pour l’armement Emmanuel Chiva ?

Deux sous-directions dédiées à l’IE permettront ainsi la protection et l’aide à la résilience des entreprises, ainsi que la création d’une structure plus ouverte offrant une surface d’échange conséquente avec les entreprises et le monde académique. Grâce aux dizaines de veilleurs du campus OSINT bénéficiant de l’expertise de la direction technique de la DGA, il sera notamment possible d’imaginer des cas d’usages de technologies dans une logique d’anticipation. 

« Des leviers d’actions permettent d’être enfin acteur du film grâce à la capacité d’influer et d’investir à l’étranger. Emmanuel Chiva souligne qu’il n’y a pas de raisons pour ne pas utiliser à l’extérieur les mêmes artifices que les étrangers qui font pression sur nos entreprises. »

Alexandre Lahousse, ingénieur général de l’armement à la tête de la nouvelle direction d’industrie de défense de la DGA

La DGA affirme ainsi sa volonté première de passer à l’offensif et de déployer des attachés d’industrie de défense en région, pour créer une synergie avec les entreprises duales identifiées comme stratégiques. 

Agathe Bodelot

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