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Les lois de la concurrence : un levier de développement de l’agriculture subsaharienne ? 

La productivité est un enjeu de taille pour l’Afrique, mais ce n’est pas le seul ! Les pratiques anti-concurrentielles sont aussi une entrave au développement de l’agriculture. Elles ne permettent pas une juste répartition des revenus dans les chaînes de valeur et limitent considérablement les investissements. Comment faire pour y remédier ?

Les sociétés africaines sont en pleine mutation. La forte croissance démographique et l’exode rural en sont des dynamiques prégnantes. L’agriculture doit s’adapter pour répondre aux défis posés par ces changements sociétaux. En effet, aujourd’hui, malgré ses vastes réserves foncières, l’Afrique subsaharienne importe 80% de ses denrées alimentaires pour nourrir sa population. Selon la FAO, en moyenne, il faut 3 hectares pour nourrir un africain, contre 0,2 hectare pour un européen ou un américain. La hausse des rendements sera donc indispensable pour accompagner les transitions sociétales du continent, soutenir le développement économique et offrir une stabilité sur le long terme. 

L’agriculture en Afrique subsaharienne se caractérise par la diversité des cultures. Il y a peu de monocultures : les cultures sont souvent vivrières. Les intrants ou les pesticides sont peu utilisés. Les terres agricoles sont morcelées, ce qui entrave la mécanisation et la mise en place d’une politique d’aménagement du territoire. De plus, les coutumes locales en matière de transmission des terres représentent un obstacle majeur au développement agricole.

Figure 1 : Map of sub-Saharan Africa showing dominant farming systems based on data from Dixon et al. (2001) and updated by Garrity et al. (2012). Shapefiles published by the Food and Agriculture Organization of the United Nations (Auricht and Dixon, 2015).

Toutefois, quelques grands groupes agricoles ou agroalimentaires sont présents en Afrique. Ils sont fréquemment en situation de monopole sur les marchés et tirent profit à leur avantage de ce monopole. En conséquence, à niveau de vie égal, les prix de l’alimentation sont 10% plus élevés en Afrique qu’en Europe.

L’objectif pour l’Afrique est double. Il faut d’abord augmenter les rendements agricoles pour soutenir la croissance démographique, limiter la dépendance des pays africains vis-à-vis d’autres continents et réduire la volatilité des prix des denrées alimentaires. Ensuite, il faut mettre fin aux pratiques anticoncurrentielles de certains acteurs. Réintroduire une libre concurrence sur les marchés agricoles permettrait d’augmenter les revenus des agriculteurs et in fine les rendements, grâce à des politiques d’investissements locaux. Cela permettrait de réduire les prix sur les marchés alimentaires en réintroduisant de la concurrence entre les acteurs, et donc limiterait les potentielles crises sociétales. 

Démocratiser des méthodes productivistes en agriculture ne sauraient suffire pour répondre aux défis posés à l’Afrique. Il faut considérer les chaînes de valeur dans leur profondeur. Il faut aussi poser un cadre réglementaire afin de mettre fin aux situations anticoncurrentielles. Ces mécanismes de politiques publiques pourraient, à terme, réduire le prix de l’alimentation, augmenter le revenu des agriculteurs et soutenir une hausse durable des rendements. Toutes les cases semblent donc cochées… 

Etienne Lombardot

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